À la télé cette semaine : Predator, Lost in La Mancha, The Elephant man…

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Notre sélection télé pour la semaine du 6 au 12 octobre.

Twin Peaks, the Return

Série créée par David Lynch et Mark Frost. Avec Kyle MacLachlan, Sheryl Lee, Naomi Watts, Laura Dern. ****(*)

Samedi 6/10, 20h20, Plug

À la télé cette semaine : Predator, Lost in La Mancha, The Elephant man...
© DR

Le retour de la série culte Twin Peaks pour cette troisième saison, après sa première diffusion sur BE TV, est une excellente pioche de Plug. Vingt-sept ans après le meurtre de Laura Palmer, David Lynch et Mark Frost reprennent le postulat qui a mis fin abruptement à la série en 1991. B.O.B., le double maléfique, a pris possession du corps de l’agent Dale Cooper (Kyle MacLachlan) et l’a transformé en truand froid et cruel. Le casting initial presque entièrement reconstitué s’est enrichi (Naomi Watts, Laura Dern, James Belushi…) pour une expérience télévisuelle testamentaire, garnie d’épilogues musicaux (Sharon Van Etten, Nine Inch Nails, Chromatics…). Lynch et son comparse Frost ont semé des petits cailloux dans toutes les directions. Les rappels, énigmes, clefs d’interprétation, visions de terreur ou burlesques, intrigues nouvelles et crapuleuses s’y déploient tels les trompe-l’oeil d’un édifice qui s’est affranchi du nouveau classicisme imposé par le duo à la télévision des années 90. N.B.

L’intelligence artificielle va-t-elle nous dépasser?

Documentaire de Guilain Depardieu et Thibaut Martin. ***(*)

Samedi 6/10, 22h25, Arte

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Elle est omniprésente. Dans le domaine médical, la téléphonie mobile, le commerce ou l’automobile. L’intelligence artificielle est manifestement en passe de complètement chambouler notre quotidien. Grâce à leurs moyens financiers quasi illimités, les grandes multinationales de l’ère digitale sont devenues les pionnières de la recherche de ce nouveau Graal qu’est l’IA. Les applications que ces mastodontes du numérique sont en train de concevoir vont-elles remodeler le cours de notre Histoire? À l’occasion de la Fête de la science, Arte revient sur un bon demi-siècle de ces spectaculaires mais intimidantes mutations technologiques. Un documentaire qui vaut surtout pour la façon dont les acteurs scientifiques (du directeur de la recherche en IA chez Facebook au vice-président de la filiale Recherche santé et sciences de la vie d’IBM) ou moraux (un philosophe à l’Institut pour l’avenir de l’humanité d’Oxford) s’évertuent à détricoter fantasmes et réalités dans un effort de vulgarisation assurément payant. M.U.

Trump, le parrain de Manhattan

Documentaire de Frédéric Mitterrand.****

Lundi 8/10 , 21h00, France 3

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« Il est l’association parfaite entre célébrité et populisme, que nombre de personnes essayaient de réunir depuis longtemps. Il était la suite logique d’Obama, (…) animée par le même désir de faire passer un message à Washington. » Après visionnage, l’analyse du journaliste du Washington Post nous hante, aussi froide et indéboulonnable qu’une enseigne Picard. Ce portrait de l’actuel Président américain examine ses racines familiales et son éducation militaire pour expliquer le modèle dans lequel le petit Donald a dû, pour trouver sa place, apprendre l’intimidation, la prédation et la manipulation. Il apparaît alors tel un perpétuel enfant voyant le monde comme une cour des grands dans laquelle il doit s’imposer, à n’importe quel prix: l’immobilier à Manhattan du début des années 80, les casinos d’Atlantic City, la télévision, l’Amérique puis le monde. La voix de Frédéric Mitterrand parlant de la « martingale Trump » rappelle les émissions sur les empires révolus que commentait l’ancien ministre du temps de sa splendeur télévisuelle, et enveloppe ce documentaire d’une douce et piquante ironie. Mais nous ne sommes pas à l’ONU, pas question de rire ici: la loco du cirque Trump tire des wagons de haine, de peur, de régression et de manipulations politiques, rappelées dans un second docu signé Arte (Comment Trump a manipulé l’Amérique, mardi à 20 h 50). N.B.

Predator

Film de science-fiction de John McTiernan. Avec Shane Black, Arnold Schwarzenegger, Carl Weathers. 1987. ****

Mardi 9/10, 20h00, Club RTL

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Un groupe d’hommes armés pénètre dans la jungle d’Amérique centrale. Il est chargé de retrouver et de libérer les otages d’une bande de guérilleros. Mais des cadavres affreusement mutilés apparaissent bientôt dans le décor, signalant une menace aussi terrifiante qu’inattendue: un grand prédateur rôde en ces lieux. Et il n’est pas humain… Entre film de guerre et science-fiction, John McTiernan distillait brillamment, voici trois décennies déjà, un suspense captivant avec Predator, où Arnold Schwarzenegger se voit confronté à un chasseur extra-terrestre aussi intelligent qu’impitoyable, faisant des humains ses proies et doté de talents fous pour le camouflage. On vibre et on frissonne à ce spectacle percutant, dont le succès devait rapidement susciter une suite, un Predator 2 que Club-RTL programme dans la foulée, à 21 h 40. L.D.

Lost in La Mancha

Documentaire de Keith Fulton et Louis Pepe.****(*)

Mardi 9/10, 00h20, France 2

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À l’origine, ça devait être un making of. Genre bonus de DVD. Au final, c’est un documentaire complètement dingue sur l’un des tournages les plus foireux de l’Histoire du cinéma. La chronique d’un naufrage. On est en août 2000. Keith Fulton et Louis Pepe suivent Terry Gilliam et son équipe en Espagne où ils doivent donner vie à L’Homme qui tua Don Quichotte… Le personnage créé par Cervantes, ce gentilhomme obsédé par les livres de chevalerie qui prend des moulins à vent pour des géants, avait été l’obsession d’Orson Welles pendant 20 ans (le film étant resté inachevé à sa mort en 1985) et plane sur l’oeuvre de Gilliam depuis longtemps. « C’est quelqu’un d’exalté qui bataille contre les évidences, la raison, la réalité. Ça ne pouvait que le séduire« , résume l’un de ses proches collaborateurs. Pour le coup, c’est d’ailleurs un peu lui. Un réalisateur qui essaie de tourner un film hollywoodien sans Hollywood.

Un mec qui fantasme un univers trop élaboré pour des petits budgets mais trop excentrique pour l’usine à rêves californienne. « Si c’est facile, je ne fais pas. Si c’est quasi impossible, je tente. Je tire mon adrénaline de ça. C’est peut-être ce qui stimule ma créativité« , avoue d’ailleurs l’ex-Monty Python face caméra. En attendant, en Espagne, même après les faux départs et les déconvenues financières, les merdes s’accumulent. Le tournage est frappé par une pluie diluvienne qui emporte du matos, fait perdre du temps et transforme le paysage. Jean Rochefort, censé incarner l’anti-héros, souffre de problèmes de santé qui l’empêchent de travailler… Tout ce qui peut foirer foire. Quasi sans exception.

Des réunions d’avant-tournage jusqu’à l’abandon du projet en passant par les interventions de Capitaine Chaos pour que son assistant réalisateur ne se fasse pas virer, Lost in La Mancha dépeint toutes les difficultés de faire un film (il est montré à ce titre dans les écoles) et retrace un véritable cauchemar. Celui qui hante probablement les nuits de tous les cinéastes. Entre les efforts pour mettre la main sur Vanessa Paradis, l’arrivée de Johnny Depp et la visite d’investisseurs, le docu d’une heure et demie montre les doutes, les désillusions et l’énergie qui finit par se faire la malle. De quoi prolonger les yeux écarquillés le film avec Jonathan Pryce et Adam Driver finalement sorti en salles cet été. J.B.

The Elephant Man

Drame biographique de David Lynch. Avec Anthony Hopkins, John Hurt, Anne Bancroft. 1980. ****(*)

Mercredi 10/10, 21h05, La Trois

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L’émotion est immense face à ce grand film inspiré à David Lynch par la vie de Joseph Merrick. Affligé d’une maladie lui causant des déformations physiques aussi pénibles que spectaculaires, ce Britannique né en 1862 devint un phénomène de foire à l’époque victorienne, particulièrement fascinée par les « monstres ». Dans la peau de celui qu’on avait surnommé Elephant Man, John Hurt signe une interprétation bouleversante. Anthony Hopkins campe le docteur Frederick Treves, le médecin qui prit Merrick en charge. Dans un noir et blanc sublime, Lynch oublie ses pulsions expérimentales pour signer un film admirable autant que douloureux, une oeuvre d’une humanité profonde qui résonne en nous bien après le générique final. On notera que c’est l’humoriste Mel Brooks qui produisit The Elephant Man et choisit le réalisateur d’Eraserhead pour le diriger. L.D.

Guyane (saison 2)

Série créée par Fabien Nury. Avec Olivier Rabourdin, Mathieu Spinosi, Anne Suarez. ***(*)

Vendredi 12/10, 20h30, Be Series

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Au coeur de la forêt amazonienne, loin du confort ouaté de la métropole, une nouvelle frontière criminelle brouille celles, officielles, du Brésil et de la Guyane française. Une maladie infectieuse se répand dans le poumon du monde et l’entraîne dans une spirale de violence moite: la soif de l’or. Vincent Ogier, jeune stagiaire à l’école des mines arrivé en Guyane en saison 1, a vite fait de se frotter à Antoine Serra, barbouze reconverti dans l’orpaillage et les combines, propriétaire de l’hôtel local, à la fois maison de joie et d’oubli. Ogier a trouvé en Serra un père spirituel, malgré l’asymétrie de leur relation et les tensions avec le cartel brésilien que ravive leur recherche d’une légendaire mine abandonnée, surnommée Sarah Bernardt. La seconde saison s’ouvre sur la découverte par les deux associés de ce filon surabondant, les rivalités exacerbées dans le marigot des groupes mafieux, ce micro-territoire sans foi ni loi, et la description du désastre environnemental provoqué par l’utilisation du mercure dans les exploitations aurifères. Avec, en toile de fond, la lutte des populations natives Wayana contre ce pillage mafieux, la nouvelle saison donne une dimension supplémentaire à cette série fascinante, aux confins du western et de l’aventure, parfois plombée par un excès de dramaturgie à la française qui ramollit ses protagonistes. N.B.

Alice Cooper: monstrueusement rock

Documentaire de Reginald Harkema, Scott McFadyen et Sam Dunn.****

Vendredi 12/10, 22h40, Arte

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« Dis à ces trous du cul que dans ma salle on fait soit de la musique soit du théâtre mais pas les deux en même temps bordel. Sors-moi ces enfoirés d’ici. » Kiss et Marilyn Manson lui doivent une fière chandelle, mais au début de sa carrière, Alice Cooper est vraiment détesté sur le circuit de Los Angeles… Son nom a été soufflé par un esprit lors d’une séance de spiritisme sous acide. Il évoque à l’oreille des principaux intéressés celui d’une « vieille dame qui fait des biscuits pour tout le quartier mais a des cadavres plein sa cave« .

Alice Cooper, c’est l’histoire d’une idée née dans un cours d’art plastique et finalement devenue une rock star touchant les jeunes les plus anticonformistes. Celle d’un groupe puis d’un seul homme, Vincent Damon Furnier, qui avaient déjà repéré à la toute fin des années 60 le manque d’entertainment, de show et de fun à l’intérieur du rock business. Camisole de force, guillotine, chaise électrique, serpent, faux sang, pendaison et poupées dépiautées à la hache… « Ils faisaient du Salvador Dalí version guitare électrique« , dit d’eux le MC5 Wayne Kramer. Du Salvador Dalí avec du Massacre rock’n’roll à la tronçonneuse…

Traçant un parallèle avec Docteur Jekyll et M. Hyde (et d’ailleurs rythmé par des extraits de vieux films d’horreur), le documentaire de Reginald Harkema, Scott McFadyen et Sam Dunn raconte le gamin, fils de pasteur, qui a grandi à Detroit dans un monde particulièrement religieux mais avait les violences et le rock de la ville qui lui coulaient dans les veines. Il explique son amour et celui de ses comparses pour le surréalisme et la pop, Magritte, Braque et les Beatles.

À côté des nombreuses interviews audio inédites du chanteur et de son agent Shep Gordon (à qui Mike « Austin Powers » Myers a consacré un docu en 2013) qui servent de fil rouge au documentaire, les témoins se bousculent: Pamela Des Barres, Elton John, John Lydon, Iggy Pop… De quoi pimenter d’anecdotes un habile montage compilant images d’archives, photos et même quelques séquences d’animation. De ses problèmes d’asthme à ses addictions, de School’s Out, son tube, qu’il a l’idée d’emballer dans des petites culottes pour faire enrager les mères, à son influence sur le glam metal dans les années 80, Alice Cooper dévoile ses secrets. Prix du meilleur documentaire en 2015 aux Canadian Screen Awards. J.B.

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