Critique | Séries/Télé

[à la télé ce soir] Gimme Danger

© Tom Copi / Le pacte
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Les concerts en première partie du MC5 dans des caves d’église et des maisons de jeunes. L’enregistrement du premier Stooges avec John Cale qui venait de temps en temps au studio avec Nico -« On aurait dit Morticia et Gomez dans la famille Addams. » Mais aussi David Bowie, l’Angleterre, la dissolution, la reformation. Un docu chaotique comme un concert des Stooges…

 » En 1973, après trois albums majeurs, les Stooges partaient littéralement en lambeaux. Les critiques disaient leur musique débile, de mauvais goût, agressive, décadente, analphabète, dilettante et infantile. Plus de 40 après, les Stooges sont un jalon de l’Histoire du rock. En 1973, ils n’étaient que poussière. » C’est sur ces mots que l’inimitable réalisateur Jim Jarmusch lance son documentaire. Gimme Danger retrace le parcours de « Larbins » (Stooges, donc) qui ont préfiguré le punk et révolutionné la musique en effrayant les bien-pensants. Iggy Pop se souvient du début de la fin:  » On errait à travers l’Amérique. On jouait comme des pieds. On était de plus en plus crades, de plus en plus décharnés, de plus en plus usés et de plus en plus mauvais. On sombrait dans des gigs semi-ringards. Parfois, j’arrivais à chanter. Parfois non. Parfois, on arrivait à l’heure. Parfois non. On énervait les gens. Surtout à cause de moi. » À l’époque, Iggy a 24 ans et retourne vivre dans la caravane de ses parents.

Iggy est le Stooge qui bosse chez un disquaire. Qui connait Sun Ra, Pharoah Sanders et John Cage, Link Wray, le Velvet et Coltrane. C’est aussi le cinglé, l’élément perturbateur, l’ingérable… Il raconte de sa voix grave et de son humour à contretemps l’influence de Clarabell The Clown, personnage imprévisible d’une émission pour enfants. Son groupe de secondaire, les Iguanas, avec lesquels il a démoli une jetée. Les Prime Movers, qui connaissaient bien le blues. Et cette volonté de réussir pour sa génération, ce que les bons musiciens noirs qu’il aimait faisaient pour la leur. Mais l’histoire des Stooges, ce n’est évidemment pas que celle de James Osterberg. C’est aussi celle des frères Asheton, dont il imite la mère. Du guitariste James Williamson. Du saxophoniste Steve Mackay. Et de Dave Alexander, mort de son addiction à l’héroïne. Grandeur et décadence. Gimme Danger doit beaucoup au savoir raconter d’Iggy, aux images d’archives et anecdotes savoureuses. Il brille aussi par le recours de Jarmusch à des extraits de films, d’émissions télé et de spots de propagande éducative des années 50.

Les concerts en première partie du MC5 dans des caves d’église et des maisons de jeunes. L’enregistrement du premier Stooges avec John Cale qui venait de temps en temps au studio avec Nico – » On aurait dit Morticia et Gomez dans la famille Addams. » Mais aussi David Bowie, l’Angleterre, la dissolution, la reformation. Un docu chaotique comme un concert des Stooges…

Documentaire de Jim Jarmusch. ****

Mercredi 20/04, 21h10, France 4.

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