Les années 2000 furent fastes pour la télé. De simple boîte à divertissement – voire à abrutissement – elle est passée au statut de laboratoire d’idées nouvelles, démontrant qu’elle avait de l’audace et de la créativité à revendre, parfois plus que la littérature ou le cinéma. Avantagée il est vrai par un cycle de production plus court, permettant de surfer sur l’actualité et de coller de près aux préoccupations et névroses du public. Mais si la décennie qui s’éteint a vu éclore une belle brassée de chefs-d’£uvre, c’est surtout de l’autre côté de la planète qu’il faut aller les chercher. Malgré un sursaut des séries françaises – que l’on doit essentiellement à Canal. Chez les Ricains donc, et sur les chaînes à péages, qui, avec leur public exigeant, ont osé davantage que les autres, au risque de bousculer voire de choquer. HBO fut ainsi le principal fournisseur de pépites de ces dix dernières années. Dans notre classement, 5 des 10 séries majeures des années 2000 en sont issues. Rendons également hommage aux feuilletons qui ont échappé aux faveurs de ce top 10, soit parce qu’ils n’ont pas duré assez longtemps pour imprimer leur marque à l’Histoire télévisuelle, soit parce qu’ils en sont à leurs débuts et qu’il est un peu tôt pour livrer à leur sujet un verdict définitif. Dans la première catégorie, épinglons notamment Pushing Daisies et Tell me you love me. Dans la seconde, applaudissons déjà Sons of anarchy et Breaking Bad. Qui sait, ces dernières figureront peut-être au sommet de notre top, quand on se donnera rendez-vous dans 10 ans…

The Sopranos

Une série HBO.

Celle par laquelle le grand renouveau est arrivé. Initiée dès 1999, la saga familiale et mafieuse de David Chase a redéfini à elle seule, 6 saisons durant, les codes de la série télévisée contemporaine. Comédie noire aux envolées oniriques, drame violent aux percées psychanalytiques: un classique de bout en bout, nourri d’un sens du dialogue décapant. Le cinéma a eu ses Godfathers, la télévision ses Sopranos. N.C.

The Shield

Une série FX.

Dans une veine radicale et ultra réaliste, mené à un rythme quasi suffocant, le quotidien tumultueux de Vic Mackey et sa brigade de choc, flics aussi redoutables d’efficacité que corrompus jusqu’à l’os faisant régner leur loi à Farmington, quartier fictif de Los Angeles en proie aux guerres de gangs et autres agissements criminels et mafieux. Totalement définitif dans son genre. N.C.

deadwood

Une série HBO.

Créateur maudit – Deadwood annulée après 3 saisons, John From Cincinnati dès sa première année -, David Milch compte pourtant parmi les figures les plus marquantes de cette décennie cathodique. Intégrant une série de figures historiques (Wild Bill, Calamity Jane…) à son intrigue crépusculaire, Deadwood prend pour cadre un bled de l’Ouest américain à la fin du XIXe siècle et cultive avec bonheur l’art de l’anachronisme langagier. N.C.

The Wire

Une série HBO.

Loin d’avoir été la plus populaire durant la décennie, The Wire s’est pourtant peu à peu imposée comme LA série culte des années 2000. Une foule hétéroclite et grouillante de personnages essentiels y compose, en 5 saisons à l’intensité croissante, le visage du véritable personnage principal du show: la ville de Baltimore, gangrenée par la criminalité, la drogue et la corruption. Vertigineux. N.C.

Lost

Une série ABC.

Au départ simple chronique de la survie des rescapés d’un crash d’avion, Lost s’est rapidement muée en fiction complexe, aux niveaux de lecture multiples et aux personnages passionnants. Sa mort, programmée à la fin de cette saison après 6 ans d’intrigues à tiroirs, laissera orpheline une énorme communauté de fans obsessionnels. Après Lost, on n’a effectivement plus inventé grand-chose, en termes de frissons. My.L.

24 heures chrono

Une série Fox.

2,1,7,5. Voilà, dans l’ordre, le numéro des meilleures saisons de 24, dont la qualité a pas mal fluctué. Ceci dit, cette série à la morale parfois douteuse (pour vaincre le terrorisme, la fin justifie tous les moyens) et au déroulé un peu répétitif a à ce point innové – en particulier grâce à une narration en temps réel – et imprimé sa patte au paysage audiovisuel qu’on ne pouvait l’oublier dans ce classement. My.L.

30 Rock

Une série NBC.

Avec Entourage et How I met your mother, c’est LA sitcom qui déchire par excellence. Fine et bien grasse à la fois, classique dans le propos (les coulisses d’un univers fascinant – en l’occurrence la télévision) et moderne dans le ton, cette comédie rassemble les géniaux Tina Fey et Alec Baldwin (on ne sait toujours pas qui est le plus drôle des deux). Un phénomène, qui a déjà remporté des dizaines de récompenses. My.L.

Sex and the City

Une série HBO.

Aujourd’hui, ses clones et héritières se comptent par dizaines. Mais à sa naissance en 1999, cette série de nanas fut ressentie comme un électrochoc par les ménagères, les executive women et les autres. Enfin une comédie qui osait dire « bite » et « nichon », qui mettait en scène des célibataires pas forcément à plaindre, et qui n’en éludait pas pour autant l’amour. Drôle et cathartique: indispensable à toute fille qui se respecte. My.L.

Desperate Housewives

Une série ABC.

Principale particularité de Desperate Housewives? Sa faculté de raconter des histoires glauques à souhait en les tartinant tellement de glaçage sucré que les meurtres les plus crapuleux deviennent de cocasses faits divers. Passée maître dans l’art du cliffhanger et retombant toujours sur ses pieds (malgré une cinquième saison moins noire et moins excitante), cette série semble bien partie pour faire un sans faute. My.L.

Six feet Under

Une série HBO.

Grande affaire de rituels – funéraires, narratifs, spectatoriels -, Six Feet Under, la première série d’Alan Ball, n’aura connu aucune baisse de régime 5 saisons durant, brassant des thèmes aussi universels que l’amour, la mort et l’art, à travers le destin des membres de la famille Fisher et de son entreprise de pompes funèbres. Avec, à la clé, un final bouleversant. On en chiale encore dans les chaumières… N.C.

Myriam Leroy , N.C.,

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