Séries télé: tout (ou presque) était politique

Le 19 mai, Game of Thrones refermait son livre de sang et de glace. © DR
Nicolas Bogaerts Journaliste

Alors que des séries proprement politiques se sont faites rares, la matière a été déconstruite et racontée au travers de fictions qui ne portaient pas nécessairement la chose publique dans leur ADN.

Etrange année qui a vu, de semaine en semaine, les aléas de la vie politique dépasser la fiction: la présidence de Donald Trump et ses « quid pro quo », la crise des gilets jaunes, la montée des populismes, la fin en eau de boudin du gouvernement Michel ont déployé une dramaturgie, des révélations et des punchlines dignes des séries les plus retorses.

L’année 2019 a été la première année depuis 2013 sans House of Cards, qui a tiré sa révérence au crépuscule de 2018 au bout de la sixième saison. Clap de fin également pour Veep, irrésistible comédie des erreurs emmenée par Julia Louis-Dreyfus en vice-présidente – puis présidente – au surmoi hésitant. Le 19 mai, Game of Thrones refermait son livre de sang et de glace (sur une fin un peu bâclée), après avoir abordé les enjeux politiques majeurs de notre époque dans son approche médiéviste du fantastique. Pourtant, l’absence de ces trois séries dans la seconde partie de l’année n’a pas laissé la télévision en affaires courantes. Bien au contraire.

Les super-héros sont devenus les archétypes dépositaires des grandes questions socio-politiques. Ils ont été montrés en gardiens d’un ordre fascisant dans la fascinante série The Boys, tandis que Damon Lindelof, dans sa reprise du comics The Watchmen, a plongé dans les plus monstrueux désastres politiques et sociaux de l’Amérique: la ségrégation raciale, la violence institutionnelle, le complotisme et les fake news. La britannique Years and Years, elle, nous a projetés dans un monde acquis aux extrémismes, proposant une réflexion passionnante sur les choix à notre portée aujourd’hui. La dernière saison de Peaky Blinders a, de son côté, montré combien il est dangereux de sous-estimer les fascismes (d’hier et d’aujourd’hui).

Domination

Rendre compte de l’ordre chaotique du monde est ultracomplexe. La plus convaincante démonstration est venue cette année de Unbelievable, série Netflix consacrée à la culture du viol. La manière dont l’invisibilité des femmes, le sexisme structurel et les mécanismes de domination y sont exemplifiés font de cet ensemble de huit épisodes une des grandes fictions politiques de l’année.

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