Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

20.50 BE 1

D’ ASIF KAPADIA.

Quand on a la trentaine bourgeonnante, le teint encore frais (mais pour combien de temps?), on a forcément connu le plus mythique pilote de tous les temps. Et on a forcément été marqué par sa brutale sortie de route, terriblement fixée sur la pellicule d’une caméra embarquée. Mais même pour celles et ceux que la F1, reine des sports automobiles, laissait indifférents, la mort d’Ayrton Senna en mai 1994 ne passa pas inaperçue…

C’est que le garçon, né dans une prospère famille brésilienne, avait le charisme débordant des amoureux de la vie, des fougueux, des no limit. Ce film brillant et émouvant, produit sous la bannière Universal Pictures, nous retrace le parcours de ce talent-né, véritable héros des circuits, finalement vaincu par la vitesse. Construit sur une riche banque d’images d’archive, Senna part de ses premiers pas en karting pour enchaîner, très rapidement, avec l’inoubliable rivalité qui l’opposa à Alain Prost. On comprend alors que la F1, pour répétitive et soporifique qu’elle puisse être à certains moments (parfois, le spectacle frôle l’encéphalogramme plat), possède en son fonctionnement les germes d’un film hollywoodien: deux caractères opposés, l’un calculateur, l’autre chien fou, réunis dans une même écurie -donc censés être coéquipiers-, et qui se battent davantage l’un contre l’autre que face au reste du peloton. Cela donne, sur écran, de grands moments de bravoure, dans lesquels politique et talent pur se mêlent souvent jusqu’au drame. De drame, il en sera malheureusement question trop rapidement.

Le déroulé de ce week-end de mai, à Imola, se pose en point d’orgue d’un film raconté, hors-champ, par de multiples témoins, toujours sur de vieilles images aux couleurs chaudes et aux sonorités vrombissantes. Choquants, les accidents subis par Rubens Barrichello (qui s’envola littéralement contre les barrières de sécurité) et Roland Ratzenberger (qui y laissa carrément la vie), auraient pu dissuader Ayrton Senna de prendre le départ de ce Grand prix, à Imola. Mais après quelques tours, sa F1 fila également à pleine vitesse dans le décor. Une pièce métallique lui heurta le crâne. C’en était fini du plus flamboyant pilote de son temps. Et en le revoyant, dans un enchaînement dramatique digne d’une tragédie grecque, ça fait encore mal au c£ur.

Guy Verstraeten

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