Sciences de la vie

De Joy Sorman, Éditions du Seuil, 268 pages.

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Depuis sa plus tendre enfance, la mère de Ninon Moise contait à sa fille sous forme d’histoire du soir la malédiction qui frappe sa famille depuis des siècles. Chacune des filles aînées était à un moment de sa vie sujette à un mal étrange et chaque fois différent, qui rendait son existence souffrante. Esther Moise, fille unique, n’y a pas échappé: elle qui ne voit le monde qu’en noir et blanc, et prépare son seul enfant à son funeste destin. Aussi, lorsque vers la fin de l’adolescence, Ninon est victime d’une sensibilité exacerbée de la peau des bras qui ne supportent aucun contact étranger, la jeune fille se révolte contre cette fatalité, et consulte médecins, psychiatres et autres chamans… Avec cette sorte d’histoire enfantine… pour adultes, genre La plus mignonne des petites souris, Joy Sorman, auteure de Boys, Boys, Boys et de La Peau de l’ours, signeun roman qui prend à rebours l’autorité médicale traditionnelle, sans pour autant aduler les médecines douces. Et si le style n’est pas clinique pour autant, s’en réfère à Kafka et est même serti de jolies formules (évoquant la psy que Ninon consulte, la romancière parle d' »une version lacanienne du sourire de la Joconde« ), il est d’un dépouillement proche d’un rapport médical. Un compte-rendu du combat de l’esprit face à la douleur qui le vrille, du mystère du corps que l’homme tente parfois vainement de contrôler plutôt que de l’apprivoiser.

B.R.

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