Critique

Saints Row: The Third, punk attitude

GTA LIKE | Production de tous les superlatifs, le punk Saints Row: The Third fait passer les Grand Theft Auto pour des enfants de choeur. Car-jacking et fusillades? Deux délits mineurs.

SAINTS ROW: THE THIRD, ÉDITÉ PAR THQ ET DÉVELOPPÉ PAR VOLITION, ÂGE 18+, DISPONIBLE SUR PC, PLAYSTATION 3 ET XBOX 360. ****

Il lâche calmement des « Over The Top » à tous ses coins de phrases. Malgré un look et un physique de gendre Soupline, Greg Donovan vient d’accoucher du jeu bac à sable (lire encadré) le plus démesuré et violent de l’année. Saints Row: The Third, qu’il a chapeauté, trempe en effet la formule des Grand Theft Auto dans un bain au vitriol. Là où des séries comme The Getaway et True Crime ont déclaré forfait, le plus vieux clone de GTA encore en vie semble avoir trouvé sa voie entre absurdité, folie et saturation. Wam Bam!

Saints Row: The Third, c’est d’abord des gueules de gangsters charismatiques et dans l’air du temps. Masque criard vissé sur la tête, les Luchadores, lutteurs de Lucha Libre, dealent de la drogue pendant que les Deckers brossent les traits de certains kids de 2011. Ces pirates informatiques se maquillent et se coiffent en mode emo-gothique et se parent de tenues carburant au LED façon Tron. Au sommet de cette chaîne alimentaire à géométrie instable, Philippe Loren, big boss du Syndicat et dandy bad guy. Belge de son état bien entendu. « On voulait quelqu’un avec un accent de l’est, mais finalement on est tombé sur un francophone, précise Greg Donovan. En fait, votre accent fonctionne très bien pour les méchants aux Etats-Unis. Ça donne à coup sûr une connotation maléfique dans l’esprit des gens. (rires) »

Le pitch de Saints Row: The Third ne le démarque pas d’autres jeux de gangsters. Au sommet de sa gloire à Steelport, le gang des Saints retombe au bas de l’échelle suite à un braquage de banque piégé fomenté par Philippe Loren. De quoi rythmer 3 chapitres vers une reprise des rênes du pouvoir qui s’avèrera pour le moins épique. Les scènes d’apocalypse s’enchaînent dans les rues de Steelport, New York fantasmé par Volition. On aligne, mitraillette en main, 10 bad guys à la minute avec une impression d’invincibilité à la Scarface. On crée aussi des carambolages où un semi-remorque termine sa course sur le toit de plusieurs voitures alors que des passants enflammés par l’accident hurlent et que des hélicoptères canardent le tout.

Gang Bang en série

Proposant une personnalisation poussée de son gang, de ses voitures et de son (sa) protagoniste, Volition offre même l’option nudité avec mire, sans cheat code. Les balades en jet ski et autres descentes en rappel paraissent encore plus surréalistes tandis que cet accoutrement débloque un défi de rue où il s’agira de choquer un maximum de passants en prenant la pose. Difficile de croire Greg Donovan qui, d’une voix posée, insiste: « Tout le monde est clean ici et les idées sont venues de gens à l’esprit sobre. »

Reste que les missions « What The Fuck » crépitent. Celle où l’on atterrit dans un temple sado maso sur les traces de Philippe Loren (toujours lui) se termine ainsi par une fusillade au fil d’une course de chars romains tirés par des esclaves parmi lesquels Zemos. L’occasion pour Volition d’introduire avec panache un personnage secondaire pour le moins singulier puisque ce mac bling bling ne parle pas mais chante ses phrases par vocodeur. Criblé de péripéties de ce gabarit, Saints Row: The Third et son rythme hallucinant parviennent donc à faire oublier la médiocrité de certaines missions. Jouer de l’arnaque à l’assurance en se faisant heurter par un maximum de véhicules en un minimum de temps ou foncer à tombeau ouvert pour effrayer et mater un tigre squattant la place du passager en sont 2 parfaits exemples.

Malgré ses nombreuses tares dont un « frame rate » (fluidité du jeu) parfois à la ramasse nuisant aux courses de rue et des textures (de vitrine) dignes de la première PlayStation, Saints Row: The Third exhale un esprit punk. Avions de chasse à décollage vertical, zombies, vaisseau spatial, courses de moto façon Tron, base jumping… Volition s’essaie ici à mille activités sans vraiment réfléchir. « Vu que Champaign est une ville universitaire, nous engageons pas mal de beta testeurs chez les étudiants. » Etaient-ils tous sobres?

Tapant volontiers sur le narcissisme exacerbé de ces gangsters stars qui n’hésitent pas à signer des autographes en plein hold up et à porter des masques à leur image, Saints Row: The Third évince également la télé-réalité. On pourra donc à tout moment s’enrôler dans le Super Ethical Reality Climax du professeur Genki. Un show où l’on tue en prise directe des mercenaires déguisés en lapin mauve, hot dog ou canette énergétique. Au-delà de cette activité très Running Man, Genki (joie en japonais), le chaton pervers, livre aussi une fourgonnette capable d’aspirer les passants dans la rue pour ensuite les projeter sur plusieurs dizaines de mètres et taper des scores.

« Notre jeu va certainement polariser les avis, conclut Donovan. Même s’il s’adresse aux adultes, je comprends qu’on soit choqué mais je pense que le type de violence qu’on a dans Saints Row est moins grave que celle de certains jeux de guerre comme Battlefield ou Call Of Duty. Ça reste bon enfant. Même quand on frappe des passants avec un gros godemichet de la taille d’une batte de base-ball. » Une violence de rue très graphique et irréaliste proche de Hobo With A Shotgun qui prive Saints Row du cachet unique de Grand Theft Auto IV. Celui d’une galerie de personnages (Brucie, Nico…) qui témoignent vraiment d’une époque.

Michi-Hiro Tamaï

Bac à quoi?

Popularisé par Grand Theft Auto, les gameplays bac à sable rassemblent des jeux vidéo proposant un monde ouvert (une ville, une île…) dans lequel on circule librement à pied ou à bord de véhicules. Contrairement à un jeu « en corridor », l’ordre des missions nécessaire au dénouement de l’histoire n’y est pas déterminé. Et une foule d’activités annexes y sont proposées. Parallèlement à sa trame principale, Saints Row: The Third propose par exemple de parcourir la ville pour faire exploser 50 mini voitures façon Smart ou de drifter en écrasant des piétons. Plus on jouera au bad guy donc, plus l’argent et le respect couleront, permettant ainsi d’acheter des armes et développer des compétences bien pensées, à l’image de la résistance aux explosions de voiture. Centrales à ce genre de jeu, les phases de tir à l’arme font l’objet d’une approche intéressante dans Saints Row: The Third puisqu’elles mettent le joueur face à des ennemis aux capacités très variées (molosse hyper résistant, Decker insaisissable, sniper…) absents des GTA.

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