Roxane vend ses culottes

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Depuis la fin des Trente Glorieuses, chaque génération se prend des couches successives de merde en pleine tronche: crise pétrolière, chômage, montée des extrémismes, Covid, guerres… L’avenir n’a rien de réjouissant ni de stimulant. Roxane passe donc ses journées sur son lit, à grignoter et fumer des clopes en consultant les pages Instagram de ses amis. De fil en aiguille, elle atterrit sur des sites de plus en plus glauques, et tombe finalement sur des filles qui vendent les culottes qu’elles viennent de porter. Roxane est jeune et belle; pourquoi pas elle? D’autant qu’elle vient de se faire radier des listes de Pôle Emploi. Elle ne se pose pas vraiment de questions et ne rechigne pas devant de nouvelles expériences sexuelles. L’investissement n’est pas lourd et ça rapporte gros. Mais l’implication émotionnelle et physique est beaucoup plus importante qu’elle ne le pensait au départ. Les clients dans ce milieu peuvent être de plus en plus exigeants, surtout les plus fortunés. Et l’argent, quand le manque se fait sentir, peut être pire qu’une drogue, autre vice, récréatif cette fois, auquel s’adonne la belle. Pour sa première bande dessinée, Maybelline Skvortzoff décrit parfaitement la descente aux enfers de l’insouciante gamine. Son héroïne fait partie de ces gens qui choisissent le chemin le plus excitant à défaut du plus raisonnable. L’autrice alterne les scènes de rendez-vous “professionnels” et les moments “refuges” chez sa maman, ses ami(e)s et amoureux, de manière crue mais sans jugement ni tabou. Contrairement au personnage du film d’Ozon Jeune et jolie qui semblait insensible aux événements, Roxane nous apparaît dans toute sa fragilité et son désarroi grandissant.

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De Maybelline Skvortzoff, éditions Tanibis, 128 pages.

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