Que vaut Gorillaz en concert en 2017?

© Olivier Donnet
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Sept ans après la dernière (et historique!) date belge du cartoon band de Damon Albarn, Gorillaz était de retour à Forest National ce mercredi. Compte-rendu.

La dernière fois, c’était à la Lotto Arena anversoise, il y a 7 ans. Ce soir-là, Gorillaz donnait un concert renversant, historique même. Une revue pop qui en mettait plein la vue, avec sa mise en scène spectaculaire, et surtout un générique de fou furieux: Bobby Womack, Mick Jones, Paul Simonon, etc.

Mercredi soir, à Forest National, les troupes étaient nettement plus « modestes » (tout de même, la rappeuse Little Simz, Dave de De La Soul, Peven Everett, Jamie Principle). Un Gorillaz au rabais? Euh, « normalisé », écrira-t-on, navire désormais assez souple que pour prendre l’été prochain la route des festivals (Rock Werchter). On parie que le cartoon band de Damon Albarn y sera comme un poisson dans l’eau. Car s’il a réduit la voilure, il reste l’un des projets pop les plus passionnants de l’époque. L’assurance d’une méga-fête ouverte à tous, à la fois fun et intelligente, explosive et bienveillante.

Démarrant les hostilités sur le coup de 21h, Gorillaz commence par rappeler d’abord qu’il reste une dystopie animée particulièrement sombre. La parfaite bande-son d’une époque plombée. « Is there anyone there? », hurle Albarn, sur le punky M1 A1, avant de jouer aux zombies, en enchaînant avec Last Living Souls. Noir, c’est noir… Mais quitte à frôler le précipice, autant danser au bord. La fiesta est lancée avec Rhinestone Eyes, tiré de Plastic Beach, boosté par des choeurs (6 chanteurs/euses) euphorisants. Faux départ. Tomorrow Comes Today traîne son spleen magnifique, tandis qu’Albarn tend son micro à un gamin debout au premier rang, jouant les notes hantées au mélodica. Saturnz Barz est le premier morceau issu du récent Humanz, et montre directement que l’album passe encore mieux sur scène. Suivent les « nananas » de 19-2000, et puis Melancholy Hill qui prouve que l’on peut s’attacher à des personnages de cartoons: même réduits à de simples projections en fond de scène, 2-D, Murdoc, Russel et Noodle restent au centre de l’action.

Sur scène, Albarn reste évidemment le chef d’orchestre, investi à chaque seconde du concert, débordant d’énergie, allant chercher le public. Pour autant, il ne reste qu’un élément de la grande machinerie, réussissant à donner un véritable souffle collectif à Gorillaz. Quand, juste après un Dirty Harry d’anthologie, le groupe se plonge plus longuement dans Humanz et enchaîne Strobelite/Andromeda/Sex Murder Party/Out of Body ainsi que l’inédit Garage Palace (avec Little Simz), le concert se transforme ainsi en house party pétaradante. Dans la dernière ligne droite, Gorillaz enchaîne encore des tubes aussi énormes que Stylo ou Feel Good Inc, mais aussi des morceaux moins évidents – le magnifique Hong Kong en rappel. En toute fin, Demon Days et son choeur gospelisant clôture un set qui a réussi à être festif, et touchant à la fois: « Pick yourself up it’s a brand new day so turn yourself round/Don’t burn yourself, turn yourself turn yourself around into the sun ».

SETLIST: M1 A1 / Last Living Souls / Rhinestone Eyes / Tomorrow Comes Today / Every Planet We Reach Is Dead / Saturnz Barz / 19-2000 / On Melancholy Hill / El Mañana / Dirty Harry (avec Bootie Brown) / Strobelite (avec Peven Everett) / Andromeda / Sex Murder Party (avec Jamie Principle et Zebra Katz) / Out of Body (avec Zebra Katz) / Garage Palace (avec Little Simz) / Punk / Stylo (avec Peven Everett et Bootie Brown) / Feel Good Inc. (avec De La Soul) / We Got the Power (avec Little Simz) // RAPPEL: Hong Kong / Kids With Guns / Clint Eastwood / Don’t Get Lost in Heaven / Demon Days

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content