Quand jouer aux jeux vidéo peut vous faire entrer à l’université

Le jeu vidéo reconnu comme un sport, une idée qui commence à faire son chemin. © iStock
Stagiaire Le Vif

On connaissait le principe pour le sport de haut niveau. L’université Robert Morris de Chicago a décidé de l’appliquer aux jeux vidéo: les meilleurs joueurs seront sélectionnés pour rejoindre l’équipe universitaire et bénéficieront d’une bourse pouvant atteindre les 50.000 dollars.

À l’heure où beaucoup d’universités, victimes de la crise, diminuent le nombre et/ou le montant de leurs bourses, l’université Robert Morris de Chicago prend une autre direction. Elle devient la première université américaine à proposer une bourse d’études à des gamers! Mais pas aux adeptes de n’importe quel jeu vidéo: League of Legends, un jeu qui regroupe 67 millions d’adeptes de par le monde. Si ce n’est pas la première fois que le jeu vidéo rentre dans un cursus scolaire (il existe un précédent à Séoul, en Corée du Sud), c’est en revanche la première fois qu’une bourse est créée à destination des joueurs.

48 heures après avoir annoncé le lancement de cette bourse, l’université Robert Morris avait déjà reçu 2.200 candidatures venues des quatre coins du monde, essentiellement masculines, pour seulement 30 places disponibles. Les objectifs de l’école sont multiples: faire parler d’elle, se démarquer et attirer de nouveaux étudiants, qui ne sont pas spécialement attirés par les sports traditionnels. Michael Violtt, le recteur de l’université, déclare à ce sujet: « Peu importe que ce soient les échecs ou la pêche sous la glace, tout ce que nous voulons, c’est que ces jeunes s’engagent dans quelque chose qu’ils aiment. »

Pour se faire connaître, la bourse n’est qu’un début. Robert Morris entend par la suite créer une équipe universitaire de très haut niveau afin de participer au North American Collegiate Championship, la compétition interuniversitaire de League of Legends, dotée de 100.000 dollars en frais de scolarité pour le vainqueur. Et pour doper la motivation des futures recrues, l’université Robert Morris a annoncé que les bourses accordées seront proportionnelles aux résultats individuels en championnats.

L’e-sport est un concept encore peu connu de notre côté de l’Atlantique. Mais aux États-Unis, le « sport électronique » commence à gagner en reconnaissance. Pour autant, assimiler jeux vidéo et pratique sportive de haut niveau ne plaît pas à tout le monde. Mais les gamers aiment à répéter que si les échecs sont un sport, pourquoi pas les jeux vidéo? Kurt Melcher, directeur sportif adjoint à l’université Robert Morris, explique: « Il y a une stratégie. Vous devez connaître votre rôle dans le jeu. Évidemment, ce n’est pas du tout cardiovasculaire, mais c’est mental. » D’autres mettent en avant la nécessité de capacités d’analyse et de développement de réflexes comme dans tout autre sport. Raison pour laquelle les étudiants de ce qu’on appelle déjà la filière « e-sport-étude » bénéficieront à Robert Morris du même encadrement et de la même infrastructure que les athlètes pratiquant un sport « traditionnel ».

Et comme dans tout autre sport, atteindre les sommets peut rapporter gros. Les compétitions attirent des sponsors et sont de mieux en mieux dotées au fur et à mesure que l’e-sport gagne en visibilité. Les plus grands champions gagnent en outre très bien leur vie grâce à leurs chaînes YouTube qui attirent des millions d’internautes. Mais l’évolution la plus surprenante vient du gouvernement américain. Fin 2013, le Département d’État a pour la première fois accordé le statut de sportif professionnel à des joueurs de jeux vidéo afin qu’ils obtiennent plus facilement un visa pour se rendre à des tournois. Face à l’ampleur du phénomène de l’e-sport, le magazine américain Forbes n’hésite pas parler de « revanche des geeks« .

Une chose est sûre: il va devenir difficile de reprocher aux ados de passer des heures sur leur console, comme s’en amuse l’un d’eux après avoir pris connaissance du projet de Robert Morris: « C’est donc officiel, jouer aux jeux vidéo peut bénéficier à mon éducation… Hahaha maman! »

Marie Daffe (St.)

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