Pukkelpop: un Franz succès

© Belga
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Les toujours jeunes Franz Ferdinand, le jazz intergalactique de Comet is Coming, le hip hop souriant de Loyle Carner et la découverte Harvey Sutherland… Le vendredi passé au crible.

On avait fini par s’y habituer. Depuis 1999, le Pukkelpop se terminait le samedi. On avait le dimanche pour s’en remettre, recharger les batteries et chasser la gueule de bois. Le jour du seigneur cette année a été réintégré au programme. Plus facile pour attirer certains groupes dans les vertes pâtures limbourgeoises mais aussi sans doute pour que les gens qui travaillent en semaine s’offrent un pass pour le week-end (205 euros quand même messieurs dames). 66.000 spectateurs par jour. Le festival affiche pour la première fois complet depuis quatre ans. Résumé succinct de l’étape et remise des bulletins.

Le plus trippant: MDCIII.

Deux batteurs, un saxophone… Le Mattias De Craene trio (MDCIII, tu saisis?) a convié le Castello à un trip halluciné dès le tout début de l’après-midi. Du jazz drogué et tribal pour rentrer dans les cauchemars du Gantois comme on pénètre le cerveau torturé de David Lynch en regardant ses films.

Les plus Sunset Strip: Plague Vendor.

On ne s’attendait pas à grand-chose mais ce groupe punk de Los Angeles a mis l’énergie et le paquet pour qu’on s’en souvienne. A défaut de réinventer la roue, les Californiens la font tourner à une cadence de cinglés comme des petites souris qui préféreraient jouer dans leur cage que de ramasser des dents… Le chanteur mouille et tombe le maillot, assure le show et se contorsionne comme Iggy Pop pendant que ses potes tapent dans un rock sans génie mais carré. Entre punk à l’ancienne et réminiscence de la côte ouest dans les années 90. Rigolo.

La meilleur surprise: Harvey Sutherland.

Originaire de Melbourne, Harvey Sutherland (il est apparemment aussi connu sous le nom de Mike Katz et de Mike Kay) sait faire danser un chapiteau à trois heures de l’après-midi. Pop funky, disco jazz, musique de dancefloor qui aime les vrais instruments… Harvey Sutherland remue ses fesses sur la même piste qu’un Whitest Boy Alive ou un STUFF… Moitié du duo Coup d’état et patron du label Clarity Recordings, le producteur, DJ et claviériste a mis en trio tout le monde en branle et de bonne humeur. C’est déjà pas si mal…

Le plus bruyant: Yves Tumor.

On en a encore les oreilles, le cerveau et la pomme d’Adam qui tremblent… Yves Tumor et son groupe ont joué fort, très fort, trop fort et ont fait trembler le Pukkel à coups d’énormes basses. Une expérience physique plus qu’autre chose…

Le plus good vibes: Loyle Carner.

Un mec qui choisit son nom de scène en faisant une contrepèterie, dédie son disque à sa mère et fait dégager les spectateurs aux commentaires machos de ses concerts ne peut qu’avoir un bon fond. Sourire jusqu’aux oreilles, le rappeur londonien Loyle Carner (enfin, Benjamin Gerard Coyle-Larner) a laissé parler les bonnes ondes de ses 24 ans. Du hip hop old school et à la coule pour l’étoile montante du rap britannique.

Les mieux conservés: Franz Ferdinand.

Quinze ans et cinq disques après la sortie de leur premier album, célébrant jadis du côté de Glasgow le retour des guitares, les Ecossais de Franz Ferdinand n’ont toujours pas vendu leur âme à la gonflette (contrairement à nombre de leurs contemporains: Kings of Leon, Editors et Killers en tête…) mais savent assurément encore parler aux foules. Le groupe qui aime tant faire danser les filles a une nouvelle fois réussi son pari sous une Marquee pleine à craquer. Il a même converti le Pukkelpop en trampoline géant malgré une set list en dents de scie et des enchainements montagnes russes. The Dark of the Matinée, Take Me Out, Michael, Do You Want To, Walk Away, This Fire (un petit Joyeux anniversaire en prime pour le bassiste Bob Hardy)… Franz Ferdinand a allègrement puisé dans ses vieux albums. Orphelin depuis 2016 de Nick McCarthy désireux de passer davantage de temps avec sa famille (même qu’ils sont deux pour le remplacer), Alex Kapranos (47 ans) et ses amis était définitivement la tête d’affiche la plus fédératrice et digne de la soirée. A défaut d’encore sortir des disques intéressants…

Le plus intergalactique: The Comet is Coming.

Réponse métissée et britannique à l’Amérique de Kamasi Washington, le saxophoniste Shabaka Hutchings a donné le concert du jour. Sans ses Ancestors. Pas non plus cette fois avec ses Sons of Kemet mais en compagnie des redoutables Comet is Coming. Aspiré par le clavier et les machines de Danalogue (Snapped Ankles, Sarathy Korwar, Alabaster DePlume…), le jazz ici part danser dans l’espace. Idles qui jouait en même temps n’a pas fait le poids. Toi aussi, Trust in the Lifeforce of the deep mystery

Le plus invisible: YBN Nahmir

La photo (un doigt d’honneur et un regard frondeur) glissée sur le site du Pukkelpop en guise de présentation était prémonitoire… Young Boss Niggaz Nahmir a fait faux bond vendredi soir.

Le plus craignos: drug testing…

Pendant le Pukkelpop, les services de sécurité disposent cette année d’un laboratoire pour examiner les drogues interceptées. L’idée étant principalement d’éviter un décès. Destin tragique tristement réservé à un festivalier de Tomorrowland durant l’été. Il est cependant exclu que les usagers puissent y tester eux-mêmes leurs produits stupéfiants comme le proposait jadis à Dour l’association Modus Vivendi. Le société n’évolue pas toujours de la plus intelligente des façons.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content