Raison et sentiments – Keira Knightley illumine de sa beauté classique Pride and Prejudice et Atonement, deux drames au romantisme exacerbé de Joe Wright.

Pride and Prejudice. De Joe Wright. Avec Keira Knightley, Matthew MacFadyen, Donald Sutherland. 2 h. Universal.

Atonement. De Joe Wright. Avec Keira Knigthley, James McAvoy, Vanessa Redgrave. 2 h. Universal.

Signés Joe Wright, voilà réunis en un coffret deux films romantiques en diable, qui composent de la comédienne Keira Knightley un double portrait convergent d’héroïne classique.

Pride and Prejudice, le film qui révéla le cinéaste, nous amène dans l’Angleterre de Jane Austen, à la fin du 18e, au sein de la famille Bennet, dont la mère a élevé ses cinq filles dans le seul objectif de les marier. L’arrivée d’un riche célibataire et de sa cour dans le voisinage provoque dès lors l’effervescence. Entre l’empressement de la mère, et l’orgueil et les préjugés des uns et des autres, les obstacles seront toutefois nombreux, voire même insurmontables.

D’un classicisme éprouvé, le film, par-delà ses nombreux chassés-croisés, impose un ton à la fois spirituel et émouvant, auquel la personnalité de Keira Knightley – elle incarne Lizzie, la forte tête de la famille – apporte à la fois fraîcheur et charme frondeur. De la fort belle et britishissime ouvrage, assurément, transcendée par la présence de la comédienne, et relevée de compléments intéressants, évoquant tant Jane Austen que son époque.

En plein désarroi

Réalisé deux ans plus tard, en 2007, Atonement s’avère, pour sa part, tout simplement brillant, dans sa première partie tout au moins. Joe Wright réussit en effet à y poser tout en finesse les fondements de l’£uvre – un drame romantique poignant, doublé d’une réflexion à caractère spéculatif sur les représentations de la réalité comme sur le pouvoir et les enjeux de la fiction.

On y découvre, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, une famille de la haute société britannique dont Cecilia (Keira Knightley), la fille aînée, est secrètement amoureuse de Robbie Turner (James McAvoy), un employé de la maison. Quelques indiscrétions et malentendus jaloux plus tard, voilà le jeune homme frappé d’infamie et le couple plongé en plein désarroi, leur amour naissant se trouvant en apparence condamné.

Osant un romantisme exacerbé, Atonement est aussi une £uvre d’une indéniable subtilité, tant dans son exposition que dans les ramifications de son scénario. Le film est traversé par un souffle puissant, magnifiquement relayé par un couple de comédiens alliant charisme et retenue. On regrettera, pour la forme, l’un ou l’autre penchant démonstratif du réalisateur. Ainsi du plan-séquence virtuose accompagnant l’armée britannique sur la plage de Dunkerque, une scène décortiquée en bonus, mais quelque peu déplacée dans cet horizon brassant par ailleurs, de la plus intense des façons, raison et sentiments.

Jean-François Pluijgers

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