Enfin! Il a fallu 6 ans pour voir débouler le 3e album des Gantois de Das Pop. Un disque euphorique, opaque aux galères traversées.

Bent van Looy a un peu de retard. Pas grand-chose, le temps de se faufiler à travers un dernier embouteillage. De toute façon, on n’est plus à ça près. Il a fallu attendre 6 ans pour pouvoir jeter une oreille sur le nouvel album de son groupe, on patientera bien 5 minutes de plus…

Rappel des faits. En 2003, Das Pop sort The Human Thing. La deuxième étape d’un parcours a priori cousu de fil blanc. Alors que les Anversois de dEUS, par exemple, font dans le rock déviant, les Gantois choisissent la voie pop, sa spontanéité, son instantanéité, ses fulgurances. Et cela marche. Peut-être même un peu trop bien. En fin de tournée, le groupe décide de larguer les amarres. On a beau choisir la ligne claire, parfois la tangente s’impose… Das Pop décide donc de quitter manager et maison de disque. Ambition? Mettre un pied en Angleterre, terre promise de tout amateur de 3 minutes refrain-couplet-refrain capables de vous sauver une vie. Ou au moins une après-midi. « Là-bas, c’est comme le football, une vraie culture! », s’enthousiasme toujours Bent Van Looy. A force de taper sur le clou, le groupe arrive ainsi à s’inviter jusque sur les podiums du festival de Glastonbury. Le nouveau disque doit débouler dans la foulée. Via le label Ugly Truth, Das Pop bénéficie même du soutien de la major Sony. Jusqu’au moment où celle-ci décide de  » mettre de l’ordre« , et de redistribuer les cartes dans son organigramme. Sony est toujours prêt à sortir le disque, mais les Gantois craignent d’être noyés dans le catalogue. Et de repartir en emportant avec eux les enregistrements. Culottés…

Petites concessions entre amis

Quand on avait rencontré une première fois Bent Van Looy en mars dernier, Das Pop en était encore à peu près là: avec un disque sous le bras, mais toujours sans maison de disques pour le sortir. Et puisque, comme dit le chanteur, « on n’a pas enregistré sur bandes analogiques au Toerag Studios, à Londres, pour après se contenter de balancer des mp3 sur Internet… » Heureusement, la patience est la mère des vertus. Entre-temps, Das Pop a trouvé un nouveau deal -avec News, label qui, depuis Gand, irradie dans toute l’Europe, voire au-delà. Au départ avec de la dance, mais avec la volonté désormais d’élargir son spectre. Le troisième disque de Das Pop sera donc disponible à peu près partout, de l’Angleterre au Japon. Et depuis quelques jours dans les bacs du Royaume.  » Enfin! C’est bizarre. Cela fait 4, 5 ans qu’on vit avec l’idée que le disque va sortir de manière imminente, avant d’être chaque fois repoussé. Au bout du compte, on s’y fait. Cela en devient presque une idée un peu abstraite. »

Le voilà donc, ce troisième album. Pour le coup, il se contente d’un titre aussi sybillin que… Das Pop. Sans doute que, pour tenir aussi longtemps, on n’a d’autres choix que d’être foncièrement soi, et avoir confiance dans ses chansons. Certes, des choses ont changé. Exemple: auparavant, Bent Van Looy menait les débats depuis sa batterie. Un chanteur/batteur, summum du cool? Pas pour les Anglais qui avaient du mal à intégrer le concept. Du coup, le trio a été rejoint par le Néo-Zélandais Matt Eccles, qui a pris la place derrière les fûts. Et Bent Van Looy d’assumer désormais l’agitation sur le devant de la scène.

Deuxième mue: Das Pop a rangé (pour un moment?) les claviers. C’est loin d’être un détail. Le conseil est venu cette fois de leurs potes, et néanmoins producteurs du disque, Stephen et David Dewaele (2 Many DJ’s, Soulwax). « Ils nous avaient vus jouer à 3 dans un petit club. Ils pensaient que c’était avec ce son-là que les morceaux tenaient le mieux la route. En réalité, ils ont montré le vrai visage de Das Pop. Même s’il a fallu nous convaincre: on adore tous les arrangements luxuriants. Mais au bout du compte, ce sont les chansons qui comptent et ce qui leur rend le mieux service. »

Pop power

Résultat: une douzaine de titres enthousiastes (voire euphoriques sur Never Get Enough, TryAgain, Saturday Night…). Et en tout cas, outrageusement pop, serrés et nerveux. « Je ne me force pas. C’est juste une forme qui nous va bien et dans laquelle on a appris à beaucoup dire. J’adore Twitter par exemple, où il faut aussi tout raconter en un minimum de signes. De temps en temps, c’est gai de faire des musiques de théâtres ou des trucs du genre. Mais pour raconter les choses qui comptent, c’est toujours plus simple de le faire dans un format court. Et puis, c’est propre à la pop music, comme la structure refrain-couplet-refrain. Le terrain de jeu est défini. Le but est d’essayer de rester frais et de faire sonner la chanson comme si c’était la première fois. »

Récemment, Das Pop a été invité à créer une collection pour la marque vintage tendance Mont Saint Michel. Logique: la musique du groupe combine de la même manière branchitude (à Paris, ils se sont acoquinés avec la bande du Social Club et de Ed Banger) et classicisme. Et une bonne dose d’enthousiasme aussi. C’est même assez sidérant: jamais la musique ne laisse entendre la série d’embûches qu’a accumulées le groupe. Il a fallu pourtant un sacré cran. Sinon comment expliquer que l’on puisse consacrer plusieurs années de sa vie à quelques capsules éphémères de 3 minutes 30? « L’éternité s’il faut qu’elle nous rase/qu’elle aille et sur l’heure/ se faire voir ailleurs », écrivait Duvall pour Chamfort. Bent Van Looy ne dit pas grand-chose d’autre: « Parfois la pop peut être en effet complètement superficielle, et il n’y a pas de problèmes à ça. Mais si elle survit, alors je pense que c’est l’une des formes d’art les plus puissantes qui soient. Une chanson peut davantage raconter qu’une peinture par exemple. A l’inverse d’un tableau, elle peut plus facilement vous tomber dessus, dans le métro, n’importe où. C’est une force que seule possède la pop. »

Das Pop, Das Pop, News.

En concert notamment le 13/10, au Depot, Louvain. Le concert prévu à l’Eden de Charleroi est reporté.

Rencontre Laurent Hoebrechts

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