Plier bagage

Un maudit mardi de l’été 1994, Teresa embrasse ses enfants, laisse une lettre et s’en va munie de son gros sac, sans autre explication, rejoindre les zapatistes au Chiapas. À dix ans, le narrateur ne comprend rien à cette fugue, d’autant que ni son père ni sa soeur Mariana ne lui expliquent où elle est partie « camper ». Du genre à s’évader dans un tome de Choisis ta propre aventure ou s’escrimant -sans aucun succès- à enfin réussir un héron en origami, il est bien décidé à enquêter sur ce qui se passe vraiment, voire à rejoindre sa mère dans cette région en guerre. Même si ça implique de s’allier provisoirement au Rat, petit ami de sa frangine et caïd du quartier, et à s’éloigner des confins de son monde connu, sans véritable conscience du danger. Dans ce deuxième roman joliment énigmatique et façonné par les nervures non fiables de la mémoire, le très sensible Daniel Saldaña Paris donne à un adulte trentenaire cadenassé dans sa chambre la possibilité de revisiter l’élément-clé d’une enfance inquiète et solitaire. Planent ici, douces-amères, l’ombre omniprésente d’une mère qui a voulu laisser libre cours à son instinct politique et échapper à une vie maritale sans relief et la figure en pointillé d’un père troglodyte avec qui les connexions intimes se sont toujours avérées ardues.

De Daniel Saldaña Paris, éditions Métailié, traduit de l’espagnol (Mexique) par François Gaudry, 192 pages.

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