Peine capitale – 2, place de la Victoire, Kyiv

© Les Poissons Volants

Le 24 février 2022 à l’aube, Poutine a déclenché l’invasion de l’Ukraine. Comme à ses yeux, c’est une déclaration de guerre à l’Europe, Romain Goupil a décidé dans l’urgence de rejoindre les Ukrainiens et d’aller soutenir la résistance en la filmant pour témoigner. Ce documentaire commence avec les toutes premières images filmées par le Français grâce au smartphone qu’on lui a prêté. Le 9 mars, alors que des centaines de milliers de réfugiés fuient l’Ukraine, Goupil essaie de gagner Kiev. Il a pris un avion jusqu’en Pologne. Mais après que faire? Démarrer en voiture depuis la frontière? Monter dans un bus, un train, dans un convoi humanitaire? Le réalisateur part en repérage à la gare de Cracovie. Il remonte la file interminable de réfugiés pour aller vers ce que les autres fuient. Pourquoi? “Pour toutes les raisons qu’on a de vouloir vivre libre en Europe.

Siège, bombardement… Poutine veut-il supprimer Kiev comme Grozny en Tchétchénie ou comme Homs et Alep en Syrie? En tout cas, Goupil veut s’approcher d’une famille, vivre avec elle le quotidien, l’incertitude… Il ne parle pas la langue. L’inquiétude est partout. Mais son ami Rémy Ourdant, grand reporter au Monde, lui donne un coup de main. Il le promène dans une ville morte, lui montre la dernière boulangerie ouverte qui a du pain un jour sur deux, et surtout l’introduit auprès du directeur du Cirque national de Kiev. Romain va intégrer la grande famille des saltimbanques. Il n’y a évidemment plus de spectacles. Il n’y a évidemment plus de public. Mais il reste des femmes, des hommes, des animaux à nourrir et à garder.

Politiquement engagé, meneur lycéen en Mai 1968 et longtemps militant trotskiste, ancien assistant réalisateur de Chantal Akerman, Roman Polanski et Jean-Luc Godard, puis aussi grand pote de Daniel Cohn-Bendit, Goupil raconte la ville cernée par une lourde artillerie russe. Le temps suspendu. L’odeur de pneu brûlé. Les sursauts à chaque fois que le frigidaire fait du bruit ou qu’une voiture s’engouffre dans la rue. Il filme les circassiens, qui essaient de ne rien montrer aux chevaux pour ne pas les affoler, en train de s’entraîner et d’entretenir leur forme. Chacun a son niveau de résistance en fonction de sa culture. Mais ils ont tous et toutes leurs raisons d’être restés. Le directeur montre une vidéo de sa maison, celle dans laquelle il a passé toute sa vie, en train de brûler… Un autre l’emmène chez lui sur les hauteurs, croisant les tanks et les voitures calcinées, les immeubles en ruines et autres souvenirs de l’horreur qui semble alors s’être quelque peu éloignée. Une certaine idée de ce qu’est une capitale pendant la guerre en 2022…

Documentaire de Romain Goupil.

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