Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Art premier – PapouArt, exposition signée Bruno Timmermans, remonte aux sources de la création artistique. Là où le corps est un chef-d’ouvre.

Par Bruno Timmermans, 33 rue Simonis, 1050 Bruxelles. Du 24/04 au 30/05.

C’est le fantasme ultime. Remonter le fil du temps et embrasser de l’£il un avant de l’art – même si l’on sait que cela ne veut rien dire. Là où on ne parlait jamais de valeur et où la spontanéité – l’être au monde – commandait seule au besoin irrépressible de dépasser l’horizon limité de l’ici et maintenant. Un art premier pas encore contaminé, loin de l’analyse et du discours critique. Une pureté des origines sur laquelle la civilisation n’aurait pas encore déposé ses scories. C’est à cet endroit précis que Bruno Timmermans, photographe bruxellois, a posé son objectif. Nul meilleur endroit que cette Papouasie-Nouvelle-Guinée originelle telle qu’on peut la rêver lorsqu’on la surprend mise en musique par The Future Sound of London. Nappes sonores et rythmique hypnotisante pour une immersion dans un univers fascinant. Ici, ce n’est plus la grotte matricielle qui appelle l’£uvre. L’art pariétal semble à la fois à venir et loin derrière. On capte ce moment précis où le corps devient toile. Le visage est redessiné à la couleur, les cheveux se transforment en buissons, le nez devient pilier. Le devenir-végétal de l’être humain. L’homme avance masqué, chétif et mal adapté, il use de tous les artifices pour donner le change. Nous faire croire qu’il est aussi indispensable à ce monde que le sont l’eau et le vent.

Rencontre

Quand un Hasselblad H3D s’invite au c£ur des festivals culturels papous – moments symboliques – tels que ceux qui se déroulent à Mount Hagen ou Goroka, cela génère des images d’une incroyable pureté, même sur des larges formats (125 x 200) d’où toute trace de pixellisation est bannie. Qu’il s’agisse du portrait d’un groupe de quatre veuves ou du visage sulfureux d’un bushman, l’£il largue les amarres. Il s’embarque pour une odyssée qui n’a rien de géographique, happé par un traitement exemplaire. Démonstration avec Birdy, homme oiseau au front cerné de plumes. Le rouge, le blanc et le jaune composent une harmonie puissante. Un morceau de bois traverse le nez de part en part, hommage à une nature avec laquelle l’homme ne voudrait faire qu’un. Et pour cause, il a bien vu qu’elle possède le don de se régénérer après la mort que représente l’hiver. Pourquoi n’en irait-il pas de la même façon pour lui? La proximité avec la nature comme garantie ultime de participer au grand cycle…

www.arthusgallery.com

Michel Verlinden

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