Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Simon says – Artiste multiple à la croisée du rock et de la peinture, Simon Henwood s’expose – mais surtout s’impose – à Knokke. A ne pas manquer.

Par Simon Henwood, à la galerie Stephane Simoens, 7, Golvenstraat, à Knokke-le-Zoute. Jusqu’au 10/09.

Rock et arts plastiques n’auront jamais autant convergé que cet été. Du moins, ce duo-là n’aurait jamais été à ce point exposé. On pense notamment à Sensational Fix, l’exposition dédiée à Sonic Youth au Life de Saint-Nazaire mais surtout à It’s not only rock’n’roll au Bozar. On en arriverait presque à suspecter qu’un peintre sommeille en tout musicien. Et vice-versa. Un peu à l’image de Mike Kelley qui était avant tout un membre des Destroy All Monsters, et de Kim Gordon – Sonic Youth à nouveau – dont la qualification première était d’être diplômée des beaux-arts.

Dans la série, la galerie Stephane Simoens, à Knokke, donne à voir un go-between de talent à la lisière de ces deux univers. Sans qu’il soit à proprement parler musicien, le jeune peintre anglais Simon Henwood nourrit son £uvre d’intenses vibrations. Des vibrations qui lui sont d’abord fournies par sa compagne qui n’est autre que la chanteuse Roisin Murphy. Touche-à-tout génial, Henwood se charge de lui faire ses clips. Dernier en date, Movie Star, une petite perle saluée par Pedro Almodovar en personne. Mais l’homme ne s’arrête pas là car il a également signé des clips pour Devendra Banhart, Apollo 440 ou Imogen Heap. Mieux, le prisé producteur de hip-hop Kanye West l’a engagé pour assurer la direction artistique de sa dernière tournée, un peu à la manière de Lou Reed qui en son temps avait demandé à Julian Schnabel de faire pareil.

UN TRAVAIL PUISSANT

Né en 1965, Henwood a commencé à peindre dans les années 80. Très vite, son travail s’est vu reconnu, même s’il a opté pour la figuration – et plus particulièrement le portrait – peu appréciée alors. Preuve de ce succès, sa première exposition solo s’est déroulée au ICA de Londres. Alors qu’il peint depuis près de 30 ans, la galerie de Knokke lui offre aujourd’hui son premier solo show en Belgique. L’évènement vaut amplement le détour et il permet de se familiariser avec There For The Grace of God, la partie la plus récente de son travail d’où émane l’influence d’une certaine peinture classique. Il s’agit de peintures à l’huile sur toile dont la thématique fascine. Henwood a travaillé sur l’idée d’échec en faisant les portraits d’acteurs des années 60 qui – contrairement à leurs aspirations – n’ont jamais pu accéder à la notoriété. Pour alimenter ce travail, il s’est inspiré d’une série de négatifs d’acteurs des sixties trouvés par hasard. Le coup de maître d’Henwood est d’arriver à suggérer cette grande comédie qui consiste à se présenter au mieux de soi quand on est à la recherche d’un emploi. On sent cette énergie du désespoir mêlée à une bonne dose d’auto-persuasion à travers ces portraits qui sont comme autant de gesticulations sur fond de néant. Et de disparition dans les oubliettes de la notoriété.

www.stephanesimoens.com

www.simonhenwood.com

Michel Verlinden

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