Arno, sans permis de conduire, fait de la réclame pour Lancia avec la même photo que sur son Best Of. George Clooney fait briller Hilton et American Airlines dans Up In The Air. Jusqu’où peut aller le mélange des genres?

Arno marche déjà bizarrement, alors conduire… L’agence responsable communique que c’est justement l’idée de la chose: associer le rocker belge Numéro Un et Lancia sous un slogan qui se veut surréaliste,  » Je n’ai pas de voiture et cela me brise le c£ur ». La photo de la campagne est celle du dernier Best Of d’Arno paru à l’automne dernier, ce qui accentue la confusion . On imagine mal Arno, déjà apparu dans une pub pour Rodenbach il y a quelques années, faire ce genre d’opération juste pour sauver l’industrie de l’automobile italienne… Il est vrai que – renseignements pris – un cachet de 20 000 à 30 000 euros est la norme pour ce genre d’apparition. De l’argent facile. C’est déjà bizarre de voir la demi-grimace fataliste du chanteur un peu partout dans les magazines, c’est franchement curieux de passer devant des affiches du même cru qui s’étalent au-dessus des concessionnaires de la marque. En Arno, vous y seriez déjà? C’est quoi? La voiture ou le Best Of? Et puis, un nouvel album studio du chanteur arrivant fin mars, pourquoi ne pas profiter d’une belle exposition gratos? En Belgique, l’association pub-musique est rare: Koen Wauters (Clouseau) et Adamo s’engageant pour une entreprise de pompes funèbres ou Axelle Red pour des fringues, mais ces référents-là ne sont pas vraiment rock. C’est une pratique plus anglo-saxonne: Iggy Pop faisant le singe pour SFR ou l’assureur anglais Swiftcover ou Bowie buvant du Vittel,  » le secret pour faire renaître notre corps ». Leitmotiv concocté un an avant la crise cardiaque du chanteur, le fameux instinct de pub sans doute.

Coût de pub

En comparaison, le nouveau film de Clooney, Up In The Air, c’est du gros. Voilà une fine comédie US qui surfe parfaitement sur la modernité, c’est-à-dire utilise au max le placement de produits, pratique qui consiste à négocier avec des marques leur présence – plus ou moins voyante – à l’écran. C’est désormais férocement banal. Dans ce cas-ci, ce qui surprend, c’est l’ampleur de la place visuelle accordée aux placés. Ryan Bingham (George, parfait) est un cadre chargé de virer aux 4 coins de l’Amérique les employés jugés inutiles par leurs patrons trop lâches pour faire eux-mêmes le boulot d’annonce. Ryan prend quasi tous les jours l’avion en First Class d’American Airlines, pour loger dans la même chaîne, Hilton… Non seulement c’est extraordinairement voyant – les 2 logos se ramassent à la pelle -, mais on se demande même si certains détails sont vrais. Quid de la carte Frequent Flyer que George brigue en visant les 10 millions de miles volés sur AA? La Concierge Key existe en vrai mais il y a plus que 7 titulaires – chiffre donné dans le film -, et non le nom des chanceux n’est pas inscrit au flanc des avions. Dans ce méli-mélo de fiction et de réalité, les marques – qui paient des fortunes pour être vues – sortent gagnantes. Surtout si le film est un succès – c’est le cas d’ Up In The Air – faisant encore plus de pub à la pub. Sans que le ticket d’entrée au cinéma ne soit revu à la baisse, bien sûr.

DE PHILIPPE CORNET

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