On était au CORE festival: le bilan de cette 2ème édition qui a attiré 40 000 personnes (et Angèle)

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Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Ce week-end, le CORE festival a lancé la saison, en attirant 40 000 spectateurs au Parc d’Osseghem, au Heysel. Au menu, de l’électro, du jazz, du rap. Et Angèle en tête d’affiche rassembleuse.

Mission réussie. Avec « environ » 40 000 spectateurs, selon ses organisateurs, une météo absolument parfaite, et un line-up qui a tenu dans l’ensemble ses promesse, le CORE festival a gagné son pari. Pas mal pour un événement lancé seulement l’an dernier.

En 2022, il avait pu compter sur l’effet de curiosité. Mais aussi sur l’appétit des festivaliers, que le Covid avait privé de gros rassemblements musicaux pendant deux ans. C’était d’ailleurs la question : avec le retour à la normal, le CORE allait-il encore attirer autant de monde ? Malgré des préventes lentes au démarrage (et des centaines de places disponibles encore la veille sur ticketswap), force est de constater que le parc d’Osseghem où il a trouvé abri, n’a pas désempli. Mis sur pied par deux mastodontes du paysage musical belge (Rock Werchter et Tomorrowland), le festival a les reins solides. Mais aussi le flair pour tailler une affiche branchée et alternative, susceptible de plaire à un public bruxellois très international pour le coup. Exemple avec les principaux coups d’éclat de la journée de samedi.  

Angèle, la cerise pop sur le gâteau

D’aucuns s’étaient déjà posé la question l’an dernier, au Dour festival : que venait faire Angèle dans des événements labellisés plus « indés » ? Aussi décalée soit-elle dans l’affiche, la chanteuse superstar avait alors prouvé que les étiquettes n’étaient plus qu’une chimère de journaliste. Et, surtout, qu’elle pouvait parfaitement assurer le rôle de headliner rassembleuse. Même interrogation à CORE (interdit par ailleurs aux moins de 16 ans). Et même réponse. Il n’a fallu que deux, trois morceaux mal embouchés (Plus de sens, Tu me regardes), en début de set, pour qu’Angèle trouve sa vitesse de croisière et emballe son monde. « J’ai eu la chance de jouer à Coachella, mais c’est quand même ici que je préfère être », insiste-t-elle. De fait, à l’ombre de l’Atomium, la Bruxelloise est à la maison, invitant même Damso, autre régional de l’étape, sur Démons. Le show, par contre, se la joue à l’américaine, avec ses danseurs et un gros son. De fait, sa musique a beau s’appuyer en grande partie sur la chanson française, Angèle se profile toujours plus comme une pop star internationale.

Pusha T, le roi du CORE Festival

Pas toujours facile de présenter du rap en festival. Surtout sur la scène principale. Heureusement, le CORE a eu la bonne idée d’inviter Pusha T. Sur la forme, le set se cale sur les standards du genre : intro du DJ, « mise en scène » minimaliste. Sur le fond, par contre, le rappeur américain assure méchamment. Faut voir le charisme du bonhomme. Déroulant ses histoires de trafic de coke et d’héroine,– « We got the shit that you need », annonce-t-il en se tapant l’avant-bras – King Push a l’art de la rime vicieuse et du flow limoneux. Sur scène, il trouve la manière de les incarner, avec une précision assez fascinante à observer. Au bout d’une petite heure, Pusha T finit même par créer les premiers pogos. Ce qui s’appelle maîtriser son sujet.

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CORE festival: jazz à tous les étages

La ligne de CORE ? Un poil de pop millenial, pas mal d’électro, un soupçon de rap indé. Mais par contre, très peu de rock. A la place ( ?), du jazz. Le genre a la cote. Et avec des musiciens comme Yussef Dayes, il parvient à trouver parfaitement sa place dans un festival aussi pluriel. Samedi, le batteur anglais et ses camarades ont livré un set cinq étoiles, à la fois léché et passionnant.

Mais s’il fallait encore une preuve que le jazz est « tendance », voire carrément « branchouille », c’est avec Domi et JD Beck qu’on l’a eue. Le duo formé par la claviériste française Domi Louna et le batteur américain a joué aussi bien avec Thundercat qu’Ariana Grande ou Bruno Mars. Sur scène, JD Beck a troqué le costard pour ce qui ressemble de loin à une blouse d’infirmer. Tandis que Domi porte deux longues couettes et affiche un maquillage flashy, plus proche de celui d’une vedette hyperpop que d’une pianiste jazz « traditionnelle ». Musicalement, cependant, cela joue. C’est même virtuose. Assise sur son « trône » – littéralement une toilette, avec rouleau de papier WC intégré sur le côté -, Domi a retiré ses baskets pour balancer ces lignes de claviers virevoltantes. Entre effusion hard bop et jazz fusion, le duo pétarade. Technique, le set n’est pas toujours évident. Mais il fonctionne. Au moment où Domi annonce une reprise de Jacob Pastorius (Havona), des cris de joie montent même du public. Quand on vous disait que le jazz était branché.     

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CORE business

Organisation calée, site parfaitement aménagé, scène principale impressionnante – comme encastrée dans un immense mur d’écrans de plus de 50 m de long. Festival « boutique », le CORE a le chic pour recevoir. Mais aussi le prix qui va avec – 147 euros le week-end, quand même. Auxquels il faut ajouter la nourriture et les boissons. De ce côté-là, les tarifs pratiqués étaient plutôt « raisonnables ». C’est plutôt le système de « coins », qui tendait à gonfler encore un peu plus la facture du festivalier. Pour 20 euros, celui-ci pouvait charger quelque 11,5 « jetons » sur son bracelet d’entrée. L’intérêt de transformer une monnaie digitale en « tickets boisson/nourriture » virtuels ? On cherche encore. Sinon de semer la confusion chez le consommateur qui oubliera vite de faire la conversion ; et de lui ponctionner au passage deux « jetons » quand il voudra récupérer l’argent non-utilisé… Soit. Cet été, CORE ne sera certainement pas le seul à pratiquer ce système. Le prix à payer sur un marché festivalier plus que jamais en tension…

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