
Concert - Zwangere Guy & Lander Gyselinck
Date - 13-12-2022
Salle - Ancienne Belgique
Critique - L.H.
Mardi soir, Zwangere Guy et Lander Gyselinck étaient à l’Ancienne Belgique pour présenter sur scène Pourriture noble, bien plus qu’une simple « blague » entre potes.
De loin, on avait pu d’abord penser à une simple récréation entre deux artistes qui s’apprécient : le rappeur Zwangere Guy aka Papa Zetgee, aka Gigi Da Brusellas, et Lander Gyselinck, batteur jazz surdoué à large spectre. Pour rappel, les deux avaient profité de la pandémie et du confinement pour pondre Pourriture noble, excursion musicale réjouissante. De là à défendre sur scène ce qui pouvait ressembler à une parenthèse, il y avait un pas. Que les intéressés n’ont pourtant pas hésité à franchir, avec une douzaine de dates. La dernière d’entre elles avait lieu mardi soir, à l’Ancienne Belgique.
Autant dire le 2e salon de Zwangere Guy. En 2022, le rappeur bruxellois a ainsi foulé les planches de la fameuse salle à pas moins de 6 reprises : 5 en solo, et il y a à peine trois semaines d’ici, avec son groupe Stikstof… A chaque fois à guichets fermés. C’était d’ailleurs encore le cas mardi. Comme quoi, la « récréation » a trouvé un large écho – mérité pour l’une des plaques made in Belgium de 2022. « Au début, j’avais pourtant prévenu Lander : on ne jouera JAMAIS ce disque sur scène ! Rien qu’à l’idée de me retrouver entre tous ces musiciens hypertalentueux, je me faisais dessus », explique celui que l’état civil connaît sous le nom de Gorik van Oudheusden. C’est loupé. Ce soir-là, outre Lander derrière sa batterie, Zwangere Guy se retrouve entre Bert Cools (guitare, synthé), Louise Vandenheuvel (basse), Adriaan Vandevelde (synthé, piano), et Sam Comerford (flûte, saxophone, clarinette).
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Des musiciens qui se connaissent et ont l’habitude de jouer ensemble, y compris pour délivrer une tambouille un peu inédite, ni tout à fait jazz, plus vraiment rap. Comme sur le disque, Stier & Schorpioen ouvre le concert, en mode funky cool, Zwangere Guy expliquant : « Het begon in Les Brasseurs (NdR : le café situé à 20 m de l’AB)/Als een heel goeie grap ». Cela a peut-être démarré comme une blague. Mais très vite, l’affaire est devenue sérieuse. Voire davantage encore. On s’en rend vite compte : après avoir pris deux, trois morceaux, pour chauffer la machine – la version pétaradante d’ Une vie -, le concert prend une tournure, plus intime. Zwangere Guy prend la parole pour expliquer à quel point cette collaboration l’a aidé, dans une période personnelle particulièrement compliquée.
Et le rappeur d’entamer alors la confession de SPIJK. Lui, la grande gueule, le suprême stoeffer, murmure presque plus qu’il ne rappe, la voix au bord de la rupture. Il s’interrompt même un instant, quand, du public, montent encore l’une ou l’autre voix – « désolé, ne le prenez pas mal, mais j’entends vraiment tout ce que vous dites ». Sur Verlies, Zwangere Guy ose même le chant. Et si celui qui se fait aussi appeler Gigi Fazool ne sera jamais Frank Sinatra, il a rarement été aussi touchant, soutenu et sublimé par ses partenaires du soir, Lander Gyselinck en tête, grand frère bienveillant. Avant d’entamer le single Ad Rem, le rappeur raconte encore : « Dès que je me lève, et je me lève tôt, je mets de la musique, je prends un douche, et je fais ce que je ne sais pas faire ; je chante. Toute la journée. Je dédie ce morceau à tous ceux qui, même quand ils sont incapables de certaines choses, les font quand même ! » Si cela donne ce genre de collaboration, cela valait en effet le coup…
Dans la dernière ligne droite, Zwangere Guy ressort encore son Wie Is Guy ? pour en donner une version quasi house extatique. Juste avant, il profite encore de la version énervée de Laat Ze Maar Staan pour dresser son habituel doigt d’honneur aux politiciens. C’est du Zetgee as it gets, tel qu’on le connaît en solo ou avec Stikstof. Comme quoi, le dikke zievereir n’est jamais très loin. On ne s’attendait toutefois pas à ce que, cette fois, il vienne aussi accompagné de Gorik van Oudheusden…
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