Critique | Musique

Villagers – {Awayland}

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Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

FOLK | Après le succès de son premier album, Villagers donne de l’ampleur à ses chansons folk, trafiquées aux sons électroniques.

VILLAGERS, {AWAYLAND}, DISTRIBUÉ PAR DOMINO.

EN CONCERT LE 5 MARS, AU BOTANIQUE, BRUXELLES.

Réussir un 2e album, voilà qui n’a jamais été simple pour personne. Surtout quand le premier essai a directement été le bon. En 2010, Villagers sortait Becoming A Jackal. Un premier album folk joliment habité, pondu par Conor O’Brien, âme irlandaise qu’on imaginait bien taper un boeuf en compagnie d’un autre Conor, Oberst en l’occurrence, petit prince de l’Americana des années 2000 avec son projet Bright Eyes. Becoming A Jackal a amené à O’Brien une audience qu’il n’avait jamais tout à fait connue avec son projet précédent, The Immediate. Un succès critique aussi: nominé au prestigieux Mercury Prize, Villagers avait empoché le prix Ivor Novello, award récompensant les meilleurs auteurs/compositeurs britanniques. Le rock’n’roll circus a suivi, la promo et l’enchaînement de concerts débouchant comme souvent sur l’impasse. « J’ai commencé à me sentir comme le pire auteur au monde. J’avais l’impression de mentir aux gens -il n’est pas possible de chanter « my love is selfish » une centaine de fois par an, et que cela sonne toujours pur et vrai. » Sans blague.

Il a donc fallu réagir. Retrouver le fil et, surtout, une certaine forme d’innocence. Désapprendre pour mieux réapprendre. A cet égard, plus encore que par la qualité intrinsèque de ses chansons, {Awayland} séduit par la facilité avec laquelle il assume sa mue et réussit ce qui équivaut souvent à trouver la quadrature du cercle: consacrer l’identité musicale dévoilée sur le premier album tout en évitant la simple répétition.

Vagues électroniques

Pour ce faire, O’Brien s’y est pris de plusieurs manières. Notamment en invitant son groupe, forgé lors des premières tournées, à participer plus activement au développement de ses chansons. Les morceaux ont beau être à nouveau nés dans l’intimité, O’Brien a vite fait d’en dévoiler les démos à ses camarades de virée. Pas étonnant donc de voir la musique de Villagers se charger, présentée désormais comme un véritable processus collectif. En ouverture, My Lighthouse joue encore le dénuement, guitare-voix et choeurs pastoraux. Très vite pourtant, le décor prend de l’ampleur. Des cordes ici, un orgue là, plus loin encore un xylophone… Selon ses propres dires, O’Brien a également écouté pas mal de musiques électroniques ces derniers temps. Cela s’entend. The Waves en est peut-être l’illustration la plus marquante. Sorte de folk 2.0, il débute par un petit motif électronique, une sorte de code morse, sur lequel viennent se greffer une première boucle de guitare et un groove minimaliste presque bossa, avant de gonfler et de prendre une ampleur inattendue. Du coup, cela emmène aussi l’écriture d’O’Brien ailleurs. Sur des terrains plus lyriquement pop (Nothing Arrived, Rhythm Composer) ou quasi soul (Passing A Message).

Certes, à l’image de la coquetterie graphique du titre de l’album, la démarche n’est pas toujours exempte de maniérisme. Cela n’empêche pas {Awayland} de réussir sa mue, élargissant son terrain de jeu folk, tout en creusant une personnalité. Bien joué.

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