Transformer la musique en mathématiques pour éviter les procès de plagiat

Un algorithme permet de calculer toutes les mélodies qui peuvent être générées par des notes de musique. Il est généré par Damien Riehl et souhaite prouver que le plagiat n'est pas toujours volontaire. © Istock

Terminées les histoires de plagiat? Damien Riehl et Noah Rubin ont créé un algorithme qui a généré 68,7 milliards de mélodies, qu’ils ont déposées dans le domaine public.

L’idée a germé dans la tête de Damien Riehl suite aux nombreux procès pour plagiat et les sommes astronomiques qu’ils coûtent. Cet avocat spécialiste du droit d’auteur, musicien et développeur, a donc voulu créer toutes les mélodies possibles avant de les faire déposer dans le domaine public.

Avec son ami Noah Rubin, ils veulent prouver que s’il existe un nombre déterminé de mélodies, tout est potentiellement copiable à un moment ou à un autre. Pour Riehl, démontrer que l’on peut tous plagier involontairement comme ce nombre est fini, c’est l’occasion de faire évoluer le système des copyrights.

Dans une conférence TEDx Talks, Damien Riehl explique le procédé qui a permis d’arriver à créer toutes les possibilités mélodiques dans la pop.

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Son algorithme a, dans un premier temps, généré toutes les combinaisons possibles de douze notes sur un intervalle de huit notes (do-ré-mi-fa-sol-la-si-do), soit un standard arbitraire dans lequel la pop s’inscrit la plupart du temps. Ce qui fait donc 68,7 milliards de possibilités. Riehl et Rubin ont converti les mélodies au format MIDI pour obtenir des chiffres à la place des notes. Un do, ré, mi, ré, do deviendra donc un 1, 2, 3, 2, 1.

Une fois que ce gigantesque océan de chiffres a été généré, l’avocat l’a mis en ligne sur le site Internet Archive. Ils ont déposé les 68,7 milliards de possibilités, ainsi que l’algorithme qui les a conçus, sous une licence « Creative Commons Zero ». Une déposition qui a pour espoir d’en faire tomber l’entièreté dans le domaine public. Damien Riehl et Noah Rubin comptent aussi, par la suite, élargir leur algorithme à des gammes plus complexes, intégrant bémols et dièses, et ce sur une durée plus longue, histoire de pouvoir élargir à la musique classique et au jazz.

Leur souhait est d’éviter au maximum à l’avenir les procès pour plagiat entre artistes. Damien Riehl définit le coût d’un de ces procès entre 384.000 et 2 millions d’euros, sans compter les dommages et intérêts si l’accusation est avérée. Les exemples de Jay-Z, de Katy Perry ou encore de Gotye ont fait couler beaucoup d’encre et impliqué de grosses sommes. De plus, un procès peut durer plusieurs années, le temps de prouver si le plagiat est avéré. Et les conséquences peuvent être pires si celui-ci n’est pas intentionnel: George Harrison a rencontré ce problème après un procès à son encontre pour plagiat sur le titre My Sweet Lord. Le guitariste des Beatles est en effet tombé dans une sorte de dépression, de syndrome de la page blanche, par peur de plagier accidentellement une nouvelle fois.

Riehl et Rubin espèrent que leur oeuvre fera office de jurisprudence si à l’avenir un nouveau procès pour plagiat survenait. Cette oeuvre pourrait donc mettre tous les artistes au même pied puisque, d’une certaine manière, toutes les mélodies possibles auront déjà été réalisées (par l’algorithme).

Que les tentatives de copies soient délibérées ou non, cet algorithme peut faire un pied de nez à beaucoup d’actions judiciaires dans ce domaine. À condition que la justice tienne compte de l’oeuvre « musicale » de Damien Riehl et Noah Rubin.

Clément Larue

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