Pharoah Sanders, grand prêtre du jazz mystique, mort à 81 ans

Pharoah Sanders
FocusVif.be Rédaction en ligne

Pharoah Sanders, l’une des figures les plus créatives du jazz, qui avait embrassé l’influence des musiques africaine et indienne, est mort samedi. Il avait 81 ans.

Son label Luaka Bop a indiqué dans un communiqué qu’il s’était « éteint paisiblement » à Los Angeles, entouré de sa famille et de ses proches.

  Il avait exploré le saxophone jusqu’aux confins de son timbre, puisant dans les traditions orientales, indiennes et africaines pour transformer sa musique en expérience mystique. Avec ses saxophones qu’il malmenait, usant des embouchures par centaines à force de les ronger, criant dans le pavillon de ses instruments ou les faisant vibrer sous la puissance de son souffle continu, il a élargi encore davantage les horizons du free jazz, mouvement né à la fin des années 1950 qui a libéré les improvisations des contraintes harmoniques.

   Pharoah Sanders est considéré comme l’un des héritiers du grand John Coltrane, mort prématurément en 1967, et dont il avait signé quelques solos agressifs dans le dernier album « Live in Japan », sorti de manière posthume en 1973.

   Mais Sanders, qui jouait également de l’alto et du saxophone soprano, ne faisait pas l’unanimité et n’a jamais atteint la popularité de Coltrane ou d’Ornette Coleman, qui voyait pourtant en lui « probablement le meilleur joueur de saxophone ténor au monde« . Le son qu’il produisait, évoluant entre stridence et volupté, l’a consacré comme l’un des maîtres du jazz spirituel. Ce courant, au sortir des sixties, voulait rassembler les sociétés divisées par les tensions raciales, sociales et politiques sur une terre sonore où l’on prêcherait paix et bonheur pour tous dans un joyeux syncrétisme religieux.

   Son emblématique « The Creator has a master plan« , morceau de près de 33 minutes tiré de son album « Karma » (1969), en est devenu l’un des hymnes: on l’y entend — et on l’y voit, les yeux quasiment révulsés — entrer dans une transe où il semble exorciser ses démons avant d’atteindre une forme d’extase.

   « Je veux emmener les gens en voyage spirituel; je veux les bousculer, les stimuler. Puis les ramener sur terre, sereins« , disait-il.

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