Micro ondes

Forever Pavot © FX Richard
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Post punk rotterdamois (Rats on Rafts), psychédélisme à la française (Forever Pavot), one man band hip hop (Nah)… Cinq excellentes raisons d’avoir passé son week-end dans un festival à taille humaine.

1. Forever Pavot

Au Micro, on croise des gens avec leur bracelet Esperanzah! qui ont été voir Kusturica, d’autres qui fileront dans la journée à Genk pour aller applaudir Jacco Gardner au Absolutely Free. A quoi bon quand on en a une version améliorée à la maison? Emile Sornin, l’homme qui s’en va enregistrer des disques chez les vendeurs du Bon Coin, a donné avec Forever Pavot LE concert de cette septième édition. Sous le Pavot, la plage… Avec sa bande de potes toujours aussi enthousiastes, la plus belle moustache de la scène rock française décline en anglais et en français (Les Cigognes Nénuphars) son psychédélisme qui aime les films d’épouvante italiens, la Library music, François de Roubaix, Francis Lai et Jean-Claude Vannier. BO de vieux western, Gainsbarre période Homme à tête de chou… On entend même les chevaux galoper et les fouets claquer (Christophe Colomb).

2. Nah

One man band hip hop, décapant batteur rappeur, c’était la curiosité du week-end au milieu des bluesmen touaregs et des post rockeurs coréens. Américain touche-à-tout habitué des concerts au Café central (il est depuis quelques années installé à Bruxelles), le prolifique Mike Kuhn, alias Nah, propose une musique radicale et dévastatrice. Punk, hurlante et primitive. Proche des deux cinglés d’Ho99o9 (il en a souvent assuré la première partie), Nah martèle ses fûts sur des sonorités électroniques rudimentaires et agressives et enchaîne les morceaux furieux. Singulier, physique, Nah a été chercher les visiteurs du Micro par les couilles et ne les a plus jamais lâchés. Extrême et passionnant.

3. Rats on Rafts

Groupe post punk de Rotterdam conduit par un grand maigrelet qui a dû avoir des posters de Ian Curtis et de David Byrne punaisés dans sa chambre quand il était petit, les Rats on Rafts ont des looks de poseurs qu’ils ne sont pas. Tendues, sombres, nerveuses, tirées en longueur mais toujours à leur avantage, les chansons obsédantes des Rats rampent dans les caves humides, les squats mal éclairés et les ruelles crasseuses. Pensez Fire Engines, Wire, The Fall et donnez sa chance à Tape Hiss, sorti l’an dernier sur le label Fire Records. Avis aux Hennuyers, les Hollandais joueront le 20 septembre à La Péniche (Lille).

4. Son ambiance

Foire du disque le matin, concours de chaises musicales (l’un pour les enfants, l’autre pour leurs parents) l’après-midi. Dimanche, jour du seigneur, le Micro soigne sa gueule de bois amochée en after dans le café africain d’à côté. Petit, cosy, avec sa chouette ambiance et sa cool déco (il y a même un grand Jabba le Hutt mauve et plein de poils), le Micro fait figure de respiration dans l’été festivalier. Il y avait même encore la possibilité de visiter une expo (Tracés de l’absence) consacrée au travail de Charles-Henry Sommelette. Oui, un autre festival est possible…

5. Ses tarifs

19 euros l’entrée pour deux jours, deux euros la bière, quatre euros le pain saucisse… Au Micro, on peut s’en sortir sans se ruiner. C’est pas la beuverie à un euro la pinte façon Rock Zerkegem mais on a nettement moins l’impression de s’être fait faire les poches et d’avoir claqué son budget vacances pour être traité comme du bétail qu’en revenant des grands rendez-vous de l’été.

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