Mauro le héros

Mauro Pawlowski © ID/Thomas Sweertvaegher
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Son départ de dEUS, le nouveau Gruppo Di Pawlowski et l’avenir de Maurits Pauwels, son alter ego désormais en mode variéto calypso… Le point avec Mauro.

Onze heures. Heure de l’apéro. À la terrasse du Bar Vert où il nous a fixé rendez-vous, Mauro Pawlowski débarque et commande un café. Mauro, la classe rock’n’roll incarnée, est venu à vélo. Celui-là même, siège enfant sur le porte-bagages, avec lequel il s’est récemment fait arrêter par un faux flic qui lui fredonnait les riffs de guitare d’Instant Street et le surnommait le « Brad Pitt de dEUS« . La caméra cachée a fait le buzz sur les réseaux sociaux après avoir été utilisée à la Lotto Arena pour les adieux de l’Evil Superstar au groupe de Tom Barman en février dernier. « Je n’avais rien capté du tout. Je n’ai compris que sur scène, pendant le concert, sourit-il. Je me disais juste que c’était son premier jour dans la police. Tu peux me faire croire beaucoup de choses en fait. Je suis parfois très naïf. »

En attendant, ce soir-là, une page s’est tournée. La fin d’un long chapitre. « J’y pensais depuis quelques années. J’avais déjà dit: si le moment est bien, si le timing semble OK, peut-être qu’on devrait se préparer à ce que je quitte le groupe. Je ne suis pas le genre de mec qui se barre au milieu d’un projet. Je ne cherchais pas à fuir non plus. On a un jour eu une petite réunion et on s’est dit que l’instant semblait opportun. Tom bosse sur son film… Puis moi, je voulais avoir davantage de temps à consacrer à d’autres projets. »

D’autant que les projets, le guitariste aime les enchaîner. Accroc au boulot Mauro? « Je suppose que oui. Même si, dit comme ça, ça sonne comme un vrai problème. En fait, j’ai beaucoup de temps libre. Je me demande d’ailleurs ce que les autres musiciens font du leur. Parfois, je vérifie mon disque dur et je tombe sur des trucs que j’ai faits, que je n’avais jamais terminés et que j’avais oubliés. Des sonorités funky, un bazar hip-hop… Je trouve les choses sans valeur, je les abandonne et quand je les réécoute, j’en vois les qualités. J’aurai désormais la possibilité de les achever.« 

Ce qu’a déjà eu le temps de terminer Mauro, c’est le deuxième album du Gruppo Di Pawlowski. Le groupe sauvage et expérimental qu’il a créé il y a dix ans pour le cinquième anniversaire du site internet Mauroworld. « À ma plus grande surprise, des membres de The Hickey Underworld et de Bed Rugs avaient monté un coverband d’Evil Superstars. Ça s’appelait Evil Superfarce. J’aimais bien l’idée. Et j’ai trouvé que c’était cool d’en assurer la première partie. » Quelques jours avant la fête, Mauro appelle quelques-uns de ses amis et musiciens préférés. Comme il n’a pas de musique, il utilise celle de son projet Otot. Le premier album de Toto improvisé avec les paroles à l’envers. « On partait aussi au début de ce qu’on faisait pour le chorégraphe Wim Vandekeybus et sa compagnie Ultima Vez…. J’ai d’abord appelé le groupe Pawlowski mais j’ai rajouté Gruppo Di quand je me suis rendu compte que ce nom était déjà utilisé en Pologne. »

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Dans le Gruppo en question, il y a notamment Pascal Deweze de Metal Molly avec qui Mauro partage de fameux souvenirs. Comme ce concert improbable en 2004 à accompagner Alex Chilton (Big Star) dans le cadre des Nachten à Anvers… « Sa réputation le précédait. Même les Cramps disaient qu’il était pas évident. Il s’est pourtant montré charmant. Il avait tout préparé. Comme un prof de musique… Il nous a raconté des histoires. Le jour où Dennis Wilson l’a présenté à Charles Manson… On aurait bien joué September Gurls et The Ballad of El Goodo, mais ça n’avait pas l’air de l’emballer. Il nous a demandé si on était d’accord pour sortir l’enregistrement et quelques mois plus tard, le téléphone a sonné. C’était lui. « Il faut que tu me donnes ton numéro de compte. J’ai 1000 dollars pour toi. Pour le disque. » Mille dollars chacun de royalties. T’imagines? »

Expérimentation et improvisation

Après avoir enregistré son premier album aux États-Unis avec Steve Albini, le Gruppo Di Pawlowski s’en est allé mettre le deuxième en boîte à Waimes, près de Verviers. Un disque noir, noisy, décousu, violent, radical… « Je me suis mis à bosser deux semaines avant d’entrer en studio. Comme je le faisais déjà du temps d’Evil Superstars. Je ne suis pas le genre d’artiste qui doit à tout prix s’exprimer, expurger quelque chose. J’ai besoin de deadlines. J’ai envoyé des MP3 à tout le monde. Ils ont répété sans moi une fois ou deux et on s’est retrouvés en studio.« 

Plus que son prédécesseur, In Inhuman Hands est né dans l’improvisation. « On a été jusqu’à utiliser la musique qui figurait sur les bandes de notre producteur, Micha Volders, avant la nôtre. On a demandé la permission au type en question, Stijn Segers (Tour), qui a accepté. Ça semble venir d’une autre dimension… On trouvait ça super drôle. Et on se disait: ça sonne bien, c’est même encore meilleur que notre musique. J’aimerais qu’on joue les intermèdes en live. » Des espèces de petites saynètes distordues, dérapages à peine contrôlés qui rappellent dEUS avant que Mauro en fasse partie. In Inhuman Hands (« je pensais à une force au-dessus de nous, ce que beaucoup de gens appellent Dieu, tout ce que tu ne peux pas expliquer« ), le Limbourgeois l’a composé en tournée. Paraît même que sur les démos on entendait des chansons de France Gall et de variété française qui mettaient l’ambiance dans une patinoire/boîte de nuit près de son hôtel.

Mauro, quand il est arrivé à Anvers il y a quinze ans, s’était vu grâce à Daan Stuyven offrir un boulot dans une compagnie de marionnettes, le Theater FroeFroe (« on a raconté l’histoire d’un canard qui s’échappait du cirque mais aussi signé une adaptation de Freaks »). Pour l’instant, il travaille notamment sur un album avec Kloot Per W (Polyphonic Size, The Misters…) et s’apprête à sortir un nouveau Maurits Pauwels. Des versions calypso de vieilles chansons flamandes et de vieilles chansons calypso traduites en néerlandais. « J’ai essayé d’entrer dans le circuit schlager mais ils n’ont pas voulu de moi. »

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GRUPPO DI PAWLOWSKI, IN INHUMAN HANDS, DISTRIBUÉ PAR V2. ***(*)

LE 14/05 AUX NUITS BOTANIQUE, LE 18/05 AU KREUN (COURTRAI), LE 19/08 AU PUKKELPOP…

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