Critique | Musique

Liars, menteur pathologique

Liars © Zen Sekizawa
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

ROCK | Orphelin d’Aaron Hemphill, Angus Andrew réinvente les Liars avec un disque personnel et intimiste plein de guitares acoustiques.

Empêcheurs de tourner en rond, les Liars n’ont eu de cesse de se réinventer depuis qu’ils sont apparus début des années 2000 en pleine déferlante rock new-yorkaise avec They Threw Us All In A Trench And Stuck A Monument On Top. Brûlot punk radical et lo-fi qui les imposait d’emblée comme les moins poseurs de la bande. Loin des slims et des Converse. Du look corbac et de la noirceur romantique. Très vite partis s’aventurer sur les chemins dangereux et tortueux d’une musique plus expérimentale, Angus Andrew et sa bande avaient en 2012 effectué leur révolution électronique. WIXIW étant un peu aux Liars ce que Kid A avait été à Radiohead. Un disque de totale réinvention. Les Liars avaient certes poussé le bouchon un peu loin avec Mess et ses beats parfois vulgos d’autos-tamponneuses mais ils rebousculent déjà avec TFCF leurs propres frontières.

Première nouveauté. TFCF (pour Theme From Crying Fountain) est le premier album du groupe depuis le départ apparemment en termes amicaux d’Aaron Hemphill. Désormais seul maître à bord de l’embarcation, plutôt genre bateau de pirate que paquebot de luxe, Andrew a décampé à l’autre bout du monde pour jeter les bases d’un nouveau changement de cap dans la brousse australienne. « Ce que je préfère, c’est de plonger dans l’inconnu le plus complet. Quel est l’intérêt de te lancer dans quelque chose quand tu sais pouvoir le faire? Mon but était de prendre des décisions créatives qui m’empêcheraient de dormir la nuit. » Aucun souci à se faire pour ses insomnies. Fidèle à lui-même, ou pas, Andrew se réinvente cette fois avec un album électronique à guitares sur la pochette duquel le grand zozo pose en robe de mariée à côté d’un bouquet de fleur et d’un montage floral. Un disque expérimental et intimiste truffé de samples et de grattes acoustiques.

L’innocence de l’expérimentation avec des outils que tu ne connais pas, l’usage détourné d’équipements que tu ne sais pas utiliser, Angus en a fait toute sa singularité. Entre les kangourous et les koalas, dans cette Australie où il est né et a vécu jusqu’à ses 17 ans, le bonhomme est parti explorer l’idée de la solitude pour mieux se reconnecter au monde. Pendant l’enregistrement de ses nouveaux titres, Angus a capturé le son de la nature, planté un micro devant son studio pointé vers la brousse pour mieux nous embarquer avec lui au milieu des oiseaux.

Singulier, passionnant, plus chaud mais toujours désaxé et inquiétant, TFCF raconte une relation créative qui se détériore et marque paradoxalement un nouvel élan. Plages lugubres d’ambiance (Face to Face with My Face, Crying Fountain), chanson de singer-songwriter (No Help Pamphlet), pop song gentiment déglinguée (No Tree No Branch) et crooning dépouillé rappelant l’Iguane Iggy Pop (Ripe Ripe Rot)… Big little Liars.

Liars, TFCF, distribué par Mute/Pias. ****(*)

Le 10/11 au Botanique et le 11/11 au festival Sonic City (Courtrai).

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