L’hantologie en Belgique: on tient peut-être bien quelque chose, finalement…

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Serge Coosemans
Serge Coosemans Chroniqueur

On vous parlait la semaine dernière de l’hantologie, un mouvement culturel britannique a priori difficilement délocalisable en Belgique. Sauf que… Il y aurait peut-être bien quelque chose de cohérent à balancer sur le tapis. Encore faut-il le vouloir. Mea culpa, synthés vintage et Céline Dion, c’est le Crash Test S04E36.

Je me suis peut-être trompé. Contrairement à ce que j’avançais la semaine dernière, il y a peut-être bien de l’espoir pour qu’existe un jour en Belgique une forme d’hantologie locale, un peu différente de l’anglaise donc. C’est une discussion sur Facebook qui m’a fait changer d’avis. Quelques personnes y ont dévoilé leurs hantises culturelles personnelles et contrairement à ce que je disais dans la chronique de lundi passé, ces souvenirs fragmentés de quadragénaires belges ne sont pas si incohérents que ça. Nous ne suivions peut-être pas tous les mêmes programmes sur les mêmes chaînes dans la même langue mais nos brumeux souvenirs d’émissions de télévision des années 70/80 sont bel et bien caractérisés par quelques points communs.

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Au point de vue musical, ce sont surtout les ambiances tristounettes et les synthés bizarres qui nous rapprochent. Le générique de L’Aventure des plantes (1982) et du JT de TF1 de 1976 ont ainsi été cités. Normal, on va dire, au pays de Telex et de Front 242: on a toujours aimé la musique électronique de par chez nous. Mais on a aussi beaucoup parlé sur Facebook de 1978, une année dont je me souvenais surtout comme étant celle de la sortie en Belgique de Star Wars et des jouets allant avec. Sauf que 1978, c’est surtout l’année de plusieurs tubes à la fois très pop et complètement morbides. Song for Guy d’Elton John, notamment. Je l’avais complètement oubliée, celle-là, en ayant à peu près autant à faire des oeuvres d’Elton John que de celles de Mireille Mathieu (le premier qui me sort « Ouais mais Yellow Brick Road«  a droit au Chicon d’Or du Troll d’Argent 2019). Et là paf, on me ressort donc Song for Guy sur Facebook en mai 2019, un truc que je n’avais plus entendu depuis bien 40 ans et je suis aussitôt ramené à l’époque où cette chanson me semblait peser tout le poids de la condition humaine. Il y a de quoi, vu ce qu’en dit son auteur: « Pendant que j’ai écrit cette chanson un dimanche, je m’imaginais flotter dans l’espace en regardant mon propre corps. Je m’imaginais en train de mourir. Obsédé par ces pensées morbides, j’ai écrit cette chanson sur la mort. Le lendemain, on m’a dit que Guy, notre coursier de 17 ans, s’était tragiquement tué sur sa moto la veille. Guy est mort le jour où j’ai écrit cette chanson. »

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J’avais 9 ans en 1978 et il paraît que c’est justement l’âge où l’enfant prend conscience que la mort, ce n’est pas comme chez Marvel, c’est une perte irrévocable. Or, l’hauntology est un courant bien davantage morbide que simplement nostalgique et donc, le point commun, le liant qui rendrait cohérente une démarche artistique belge inspirée du mouvement anglais, c’est peut-être bien de zapper tous les souvenirs joyeux, la simple nostalgie et même les grosses vieilles frayeurs pour se concentrer sur les traumas vraiment, mais alors vraiment morbides. Je reste fasciné par les génériques de Temps X, de L’Aventure des plantes et du JT de TF1 mais ils ne me plombent pas les chaussettes. Comme je le disais la semaine dernière, ça, Sleepy Shores de Johnny Pearsons me le fait. Tout comme ce Song for Guy d’Elton John, donc. Et aussi Bright Eyes de Art Garfunkel, une chanson elle aussi sortie en 1978 et composée pour la première adaptation en dessin animé tirée du roman Watership Down, ce gros carnage de lapinots. Je n’ai pas le souvenir d’avoir, enfant, pleuré des rivières là-dessus. Mais ce morceau me fout toujours aussi mal à l’aise et c’est très probablement lié.

En 1978, le 12 mai pour être précis, a aussi été diffusé sur la télé hollandaise le Efteling Special de Kate Bush. Il s’agit d’une émission de 20 minutes où la Britannique interprète 6 de ses chansons en playback dans le décor du Château Hanté du parc d’attraction Efteling. Kate Bush m’apparaît aujourd’hui plutôt kitsch mais gamin, elle me faisait assez peur. Et là, en plus, elle nous balançait ses bizarreries au milieu d’automates représentant des moines-fantômes. Ça m’a considérablement marqué, même si ça me fait aujourd’hui plus sourire que cela ne me presse d’écrire mon testament.

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Tout cela pour au bout du compte en arriver à un beau cahier de charges: si je veux lancer un projet musical d’hantologie à la belge un rien cohérent, il me faudrait donc des gros synthés bizarres pour fabriquer des nappes new-age, du piano doux-amer et une chanteuse brune qui nous fait très bien la sorcière/walkyrie/petite elfe perturbée en ne chantant que des textes sur la mort. Bref, on tient le Vole de Céline Dion. Autant dire que le Concours Circuit se passera encore de moi cette année…

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