Les Ardentes J1: Ibrahim Maalouf l’entertainer

Ibrahim Maalouf © Olivier Donnet
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

En attendant Indochine, les Ardentes ont démarré par le numéro de charme du trompettiste franco-libanais.

Mais… Mais… Ils ont tout changé! Enfin, non, pas vraiment. Juste l’entrée. Sécu oblige, les Ardentes version 2016 dévient d’abord, le temps d’une fouille des sacs. À gauche, un peu plus loin, le village foot diffuse la demi-finale. À droite, passé le « sas » de sécurité, le site même du festival s’ouvre sur le Wallifornia Park: un karaoké en kit, un DJ bricolo, une grotte psychédélique… Imaginée par les Danois de ArtRebels et les locaux de SprayCan Arts, la nouvelle zone « créative » du festival sent déjà bon le DIY et le rigolo-déconno-barjot. À suivre.

Au fond, elle donne plutôt bien le ton d’un festival qui, tout en grandissant, n’a pas totalement réussi à perdre son côté convivial (pardon my cliché). Un peu comme les pavés longeant la Meuse, reliant les halles au Parc Astrid, où, dans une ambiance de foire, s’y succèdent petites gargotes artisanales et stands de sponsors « hénaurmes ». Pour ses 10 ans, les Ardentes louvoient ainsi toujours entre grosses cartouches et propositions plus osées. Et s’amusent à mélanger les genres.

Que faire, par exemple, quand vous jouez du jazz et que vous vous retrouvez programmé dans un festival étiqueté malgré tout « rock »? Simple: vous vous adaptez. Chez le trompettiste Ibrahim Maalouf, c’est une seconde nature. Mercredi soir, le Franco-Libanais se retrouvait coincé entre deux groupes électropop juvéniles (l’un flamand, Compact Disk Dummies, et l’autre français, Hyphen Hyphen, 21 ans de moyenne en tout) et un revenant brit pop, Suede. Ah oui: et aux premiers rangs, déjà, une série de t-shirts Indochine, la tête d’affiche de ce début de festival…

Pas simple donc. Et pourtant, passé quelques problèmes techniques, Maalouf va réussir à se mettre le public liégeois dans la poche. Il faut dire qu’il ne ménage pas ses efforts – il court, saute, harangue -, ni son sens de l’ouverture. À ses côtés, une jolie bande de mercenaires (Legnini, Galland… en tout une dizaine de musiciens sur scène) s’amusent pareillement à ouvrir grand les fenêtres. En partant du jazz la plupart du temps pour s’en éloigner très vite, vers la pop, le rock, le funk (« Monte le son, Jeannot », s’emballe Maalouf), voire le reggae. On a même aperçu un biniou! Tout cela est, ma foi, fort peu orthodoxe. Mais toujours musical, et livré avec un enthousiasme assez réjouissant: que demander de plus? Après, il ne faut pas se leurrer: il y a fort à parier que, dès demain, au Gent Jazz, la tambouille livrée par Maalouf sera d’une toute autre nature. En attendant, voilà un plan qui s’est déroulé sans accroc. Et un joli premier pari – une musique instrumentale sur la grande scène -, réussi pour les Ardentes.

On prendra ça pour un bon présage…

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