Le mystère perdure sur la mort de Prince

Prince, ici au Montreux Jazz Festival en 2013. © EPA/Marc Ducrest

L’autopsie de Prince a débuté vendredi, un examen qui devrait percer le mystère enveloppant la mort à 57 ans du génie de la pop, entourée de rumeurs sur un possible abus de médicaments opiacés.

La police n’a relevé « aucun signe de traumatisme » sur la dépouille mortelle de Prince et n’a « aucune raison de penser » que le musicien s’est suicidé, a déclaré vendredi le shérif du comté de Carver, Jim Olson, au cours d’une conférence de presse.

« Il n’y a aucune indication à ce stade » d’une overdose, a ajouté Martha Weaver, porte-parole du bureau du médecin légiste. Le corps sans vie de Prince, 57 ans, a été retrouvé dans son complexe de Paisley Park et il a été prononcé mort à 10H07 locales jeudi, a précisé le shérif, sans pour l’instant donner d’explication de ce décès soudain.

Il faudra plusieurs jours pour obtenir les résultats voire des semaines pour les analyses toxicologiques, ont indiqué les médecins légistes.

Pendant que ses admirateurs affluaient encore en nombre devant sa propriété de Paisley Park près de sa Minneapolis natale, pour y déposer fleurs, mots et bougies, les autorités enquêtaient pour éclaircir les circonstances de sa soudaine disparition.

Dans une ambiance recueillie, familles et amis pour beaucoup vêtus de pourpre, la couleur fétiche de l’artiste aux multiples talents, évoquaient leur peine, certains déplorant les rumeurs entourant sa mort. C’est derrière ces grilles, dans l’ascenseur de sa propriété aux façades austères qu’il a été retrouvé inconscient avant d’y être prononcé mort jeudi à 10H07 (17H07 HB). Seul élément pour l’instant confirmé dans l’entrelacs de doutes qui entourent son décès. Pour tenter d’en élucider les circonstances, les médecins légistes ont débuté l’autopsie de l’artiste à 09H00 locales (14H00 GMT).

Toutes les informations relevant du « passé médical et social » de Prince Rogers Nelson de son vrai nom, seront prises en compte, ont précisé les services de médecine légale de la région du Midwest, dans le nord des Etats-Unis. Il faudra plusieurs jours pour obtenir les résultats voire des semaines pour les analyses toxicologiques, ont-t-il indiqué.

Selon le site d’information sur les célébrités TMZ, le chanteur aurait, six jours avant son décès, fait une overdose d’un médicament antidouleurs très puissant, le Percocet, à base d’oxycodone, un opiacé. Selon ce site américain, qui le premier avait annoncé sa mort, l’avion privé de Prince avait fait un atterrissage d’urgence le 15 avril à Moline dans l’Illinois, quelques heures après un concert. « Il n’y a aucune indication à ce stade » d’une overdose, a toutefois déclaré Martha Weaver, porte-parole du bureau du médecin légiste.

D’abord traité sur le tarmac même de l’aéroport, Prince aurait été brièvement hospitalisé avant de quitter l’hôpital en dépit des recommandations des médecins, toujours selon TMZ. Les hommages ne tarissaient pas vendredi, le président américain, Barack Obama en visite officielle à Londres réaffirmant sa peine après la disparition de ce « grand interprète ». Rappelant qu’il l’avait invité à jouer à la Maison Blanche, le président a même confié avoir écouté deux chansons de Prince, « Delirious » et son tube planétaire « Purple Rain », avant sa rencontre avec le Premier ministre britannique David Cameron.

« Maître envoûtant de la pop »

Les plus grands artistes et musiciens contemporains, de Mick Jagger à Madonna en passant par Paul McCartney et Aretha Franklin, ont aussi rendu hommage à son talent, incarné dans cette déclaration du chanteur de U2, Bono: « Je n’ai pas rencontré Mozart, je n’ai jamais rencontré Duke Ellington ou Charlie Parker, je n’ai jamais rencontré Elvis. Mais j’ai rencontré Prince ». « Maître envoûtant de la pop » pour le New York Times, « Artiste révolutionnaire » pour le Washington Post, « Le règne pourpre s’achève » selon le Sun britannique, son portrait apparaissait dans les journaux du monde entier.

Même l’Osservatore Romano, le quotidien du Vatican, s’est fendu d’un article revenant sur le combat de Prince contre les majors musicales. « Ce qui restera de lui – plus que quelques excès typiquement années 80 – est précisément le génie avec lequel il savait évoluer entre les genres. Un don rare dans le monde de la musique légère. Ce monde gris dominé par les majors. » « C’est avec une profonde tristesse que je confirme que le légendaire interprète, Prince Rogers Nelson, est mort dans sa résidence de Paisley Park ce matin », avait indiqué jeudi sa porte-parole, Yvette Noel-Schure.

Construit près de Minneapolis après l’énorme succès de « Purple Rain », en 1984, Paisley Park était devenu son centre de création, comprenant studios, salle de concert et chambre forte pour ses enregistrements originaux. Les services d’urgence ont reçu un appel dont la transcription a été diffusée par la police. Il y a « quelqu’un qui est inconscient », indique la personne qui appelle. Avant d’affirmer « la personne est morte », puis de dire « C’est Prince ».

Ces dernières années, le musicien rebelle, se produisant tantôt à moitié nu, tantôt en costumes flamboyants et chemises à jabots, avait tenté de prendre de court les revendeurs de billets en annonçant ses concerts quelques heures avant son entrée en scène. En quelques heures, l’annonce de la mort de Prince a généré plus de huit millions de tweets dans le monde. Le « Kid de Minneapolis » a été l’un des plus grands musiciens des années 1980 et 1990, avec des tubes comme « Cream » ou « Kiss » qui ont fait danser le monde entier, mêlant riffs de guitare, poésie des paroles et rythmes funk. Il a publié une trentaine d’albums en près de 40 ans.

D’après le magazine Forbes, il a vendu plus de 100 millions de disques. Mesurant moins d’1,60 m, doté d’un immense charisme, celui qui rivalisait parfois avec Michael Jackson jouait l’ultra-sexualité dans ses paroles et son jeu de scène. Lauréat de sept Grammy Awards et d’un Oscar pour la musique de « Purple Rain », album et bande originale d’un film semi-autobiographique, le musicien insaisissable avait annoncé le mois dernier la prochaine publication de ses mémoires. Un ouvrage promis comme « un voyage anticonformiste et poétique ».

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