[L’album de la semaine] Steve Mason – Meet the Humans

Steve Mason © Brian David Stevens
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

POP | Éternel outsider de la pop britannique, Steve Mason (ex-The Beta Band) sort un troisième album solo à la simplicité miraculeuse. Lumineux.

La musique a beau avoir été réduite ces dernières années à une denrée numérique (des 1 et des 0), envisagée désormais comme un flot ininterrompu de sons, consommable partout, tout le temps, elle reste fondamentalement une affaire mystérieuse. Une énigme insoluble, irréductible, comme le sont toutes les affaires humaines. Il en va ainsi parfois des disques comme des rencontres: si la première impression est souvent décisive, il est aussi parfois dommage de s’y arrêter.

Le dernier album de Steve Mason, par exemple. Joué distraitement, entre deux envois d’e-mails, il n’avait pas réussi à capter l’attention: pas toujours facile d’imposer sa mélodie perso dans la course et le trop-plein permanents. Si le disque a réussi malgré tout à trouver son chemin, ce fut donc par la tangente. Glissé un peu par dépit dans l’autoradio: de nuit, en traversant la ville trempée par les giboulées de mars, Meet the Humans trouvait alors sa place. Une question de décor, auquel collaient parfaitement les mélancolies pop proposées. Au point de tourner aujourd’hui en boucle -et sans, désormais, qu’il ne faille prendre le volant…

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Sans filtre

Steve Mason, on connaît. Du moins si l’on a suivi la scène indie britannique des années 1990-2000. A l’époque, avec son groupe The Beta Band, il figurait une certaine idée de la pop-folk cinoque post-Beatles (la célébration de Dry the Rain, l’épopée de She’s the One…). Las, le projet durera le temps de trois albums, récoltant plus de reconnaissance que de réel succès public. Plombé par les dettes, Mason flirtera également avec la dépression. Quand il reviendra, ce sera en solo, et sous pseudo: King Biscuit Time, puis Black Affair. Il faudra attendre 2010 pour que l’Ecossais publie enfin sous le nom de Steve Mason. Meet the Humans est ainsi le troisième de la série. Son plus direct. Le plus lumineux aussi. Et apparemment le plus personnel -« Il n’y a pas une seule chose qui ne parle pas directement de moi« , expliquait-il récemment dans une interview à Drowned in Sound. Encore fallait-il réussir à traduire ses intentions, transcrire ce souci d’honnêteté et de fidélité. C’est justement là la plus grande réussite de Meet the Humans. C’est peut-être parce qu’il a trouvé aujourd’hui un certain apaisement, déménageant notamment de Londres à Brighton, mais Mason parvient à donner l’impression qu’il a abattu tous les filtres. Cela ne veut pas dire que Meet the Humans néglige toute sophistication. Des violons de Run Away au galop de Planet Sizes, l’album vise la simplicité, jamais la facilité. La voix de Mason, velours traînant légèrement désabusé, participe toujours énormément au charme de l’entreprise. Mais plus encore, c’est la solidité de l’écriture qui fait mouche: concis, oubliant tout effet de manche, Meet the Humans enchaîne les langueurs pop avec un charme discret et bienveillant. Quelque chose comme un baume musical.

DISTRIBUÉ PAR DOUBLE SIX/DOMINO.

EN CONCERT LE 07/04, AU BOTANIQUE, BRUXELLES.

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