Critique | Musique

L’album de la semaine: Dr Dre – Compton

Dr Dre © DR
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

HIP HOP | Seize ans après son dernier disque perso, Dr Dre sort Compton, fable du ghetto et conclusion brillante d’une carrière solo qui ne l’est pas moins.

C’est l’intéressé lui-même qui le clame: depuis l’an dernier, Dr Dre serait devenu « le premier milliardaire du hip hop ». Pas encore tout à fait, a rectifié Forbes, qui a fait ses comptes -manque encore 200 millions pour ça, une paille… Soit. Fait remarquable: Andre Romelle Young de son vrai nom (Los Angeles, 1965) a réussi à amasser cette fortune en ne sortant jusqu’ici que… deux albums à son nom: The Chronic (1992) et 2001 (1999), chacun marquant toutefois durablement le rap game… A côté de cela, il a évidemment pu compter sur Beats, sa marque de casques audio, revendue l’an dernier à Apple pour quelque trois milliards de dollars. Producteur au CV impressionnant, il a également lancé les carrières de Snoop Dogg, Eminem; s’est retrouvé derrière des tubes aussi énormes que le Family Affair de Mary J. Blige, ou le California Love de 2Pac… Et puis, il y a évidemment l’épisode initial NWA, groupe révolutionnaire et sulfureux, dont il fut à la fois l’un des rappeurs et le principal architecte sonore. Publié en 1988, le premier album du NWA, Straight Outta Compton, fit l’effet d’une bombe, charge hip hop funky tendue et nihiliste, qui annonçait les émeutes post-Rodney King, à Los Angeles en 1992.

Straight Outta Compton est aussi le titre du biopic sorti cet été aux Etats-Unis. Carton inattendu, le film a réussi non seulement à prendre la place de Mission Impossible en tête du box-office: il a également permis à Dr Dre de retrouver l’inspiration -lui qui a finalement renoncé à sortir ce qui aurait dû être son magnum opus, le projet Detox, maintes fois annoncé et reporté.

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Living for the city

Sous-titré « A soundtrack by Dr Dre », Compton n’est pas à proprement parler la bande originale du film. Il est avant tout un portrait du ghetto, gangrené par la drogue, et la violence des gangs. A cet égard, la star du disque est moins Dre que ce coin déglingué de Los Angeles où il est né et a grandi. Comme d’habitude, il n’est d’ailleurs que l’un des nombreux intervenants de son propre album: au milieu de nouvelles têtes (King Mez, Justus ou l’intéressant Anderson. Paak), de la surprise DJ Premier (Animals), ou même des disparus (feu Easy E sur Darkside/Gone), les habitués sont de la revue (Eminem, The Game, Ice Cube…) pour un disque qui épate par son assurance et sa consistance. Requinqué, porté par l’esprit de l’époque, pressé aussi de ne pas louper ce « momentum », Dr Dre ne lâche rien pendant une bonne heure. Même Snoop Dogg abandonne son phrasé élastique habituel pour un flow plus vicieux. Musicalement, rien ici ne vient bouleverser le paysage rap comme d’autres productions de Dre ont pu le faire auparavant. Mais, sans suivre aveuglément les tendances actuelles, Compton n’en reste pas moins un disque solide.

Kendrick Lamar est également de la partie, présent sur trois titres. L’invitation est non seulement logique -sur son premier album officiel, good kid m.A.A.d city, celui-ci avait déjà fait appel à Dre sur le morceau intitulé… Compton-, elle est aussi une habile manière de tracer les ponts entre les générations. Mieux encore: de boucler la boucle. A 50 piges, Dre peut annoncer avoir sorti avec Compton son « grand final », dernière pièce d’une discographie perso aussi succincte qu’essentielle.

DISTRIBUÉ PAR UNIVERSAL.

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