La Revue du stagiaire: Proud Mary – Creedence Clearwater Revival

Stu Cook, Doug Clifford, Tom Fogerty et John Fogerty © Michael Ochs Archives/Getty Images - DR

Chaque semaine, notre stagiaire se penche sur une chanson qui a marqué l’histoire de la musique. Cette semaine: Proud Mary, l’histoire fantasmée d’un bateau sur le Mississippi

Une balade à bord d’un steamboat sur le Mississippi sur un air de musique rock aux accents de blues du fin fond de la Louisiane, c’est ce que je vous propose avec le titre Proud Mary de Creedence Clearwater Revival.

En 1969, sur l’album Bayou Country, Creedence Clearwater Revival sort la chanson Proud Mary. Accompagnée des titres Born on a Bayou et Keep on Choolin’, elles forment une triade qui a réussi à imposer la musique du groupe comme incontournable et l’a propulsé au rang de légende, au début des années 70.

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L’histoire d’un carnet, d’une symphonie et d’un soldat libéré

L’histoire de Proud Mary commence en 1967 alors que John Fogerty -chanteur, guitariste, auteur-compositeur et producteur du groupe- est encore réserviste pour la Garde nationale. Avant la sortie du premier album du groupe, Creedence Clearwater Revival, il s’est offert un carnet pour noter des idées de titres de chansons et tout ce qui lui passe par la tête. Les premiers mots qu’il y a inscrit ont étés « Proud Mary ». « Pour une raison quelconque, cette phrase [sic] m’est venue en tête, et j’ai pensé que c’était un bon titre de chanson. Ça sonnait bien. Mais je n’avais aucune idée de quoi il s’agissait« , explique-t-il dans son livre autobiographique Fortunate Son: My Life, My music.

En 1968, John Fogerty, Tom Fogerty (chanteur-guitariste), Doug Clifford (batteur) et Stu Cook (bassiste) sortent leur premier album sous le nom pour lequel nous les connaissons aujourd’hui. Le groupe connait ses premiers succès avec les reprises de Susie Q et I Put a Spell on You, mais John est tourmenté par l’idée d’être mobilisé pour faire la guerre au Vietnam alors que le groupe commence à décoller. Ses inquiétudes se transforment en insomnies au cours desquelles il compose et arrange des chansons.

Un jour d’été, tandis que Suzie Q passe à la radio, John monte les escaliers de son appartement d’El Cerrito (Californie) et voit sur les marches une grosse enveloppe avec le sceau du gouvernement. N’attendant pas de courrier, il l’ignore pendant 3 jours avant d’y regarder de plus près et d’y voir son nom: Soldat John Fogerty. Il s’agissait de sa libération officielle de la réserve de l’armée. « J’ai relu pour être sûr. Et j’ai couru jusqu’à ce petit bout de pelouse et j’ai fait la roue. J’ai couru jusqu’à la maison et j’ai récupéré ma guitare Rickenbacker« , indique-t-il dans sa biographie. Pour le musicien qui détestait l’armée, il s’agissait d’une vraie délivrance.

En grattant un riff inspiré de la cinquième Symphonie de Beethoven -qu’il ne trouvait pas assez dynamique-, il s’est mis à chanter le premier vers de la chanson: « Left a good job in the city« , en référence à la fin de sa carrière militaire. La rythmique de sa nouvelle composition lui a fait penser aux steamboats, ces bateaux à aubes qui remontent et descendent le fleuve du Mississippi. C’est là qu’il s’est rappelé une réplique de Will Rogers dans un film: « Rollin’ on the river« , qu’il utilisa pour le refrain.

Le titre, c’est son carnet qui le lui a donné. Lorsqu’il l’a ouvert pour noter ses nouvelles paroles, les mots « Proud Mary » lui ont sauté aux yeux. Il les a choisis pour le nom du bateau de sa chanson : « Proud Mary, c’était une femme -les navires sont des femmes« , plaisante-t-il dans sa biographie.

C’est lors de cette journée qu’est née le rock du bayou de Creedence Clearwater Revival. La légende raconte même qu’il aurait aussi écrit l’ébauche de ce qui allait être Born on a Bayou et Keep on Chooglin’ dans les deux jours après sa libération. L’idée de créer des chansons qui sont liées entre elles lui plaisait. John Fogerty s’inspira librement de ce qu’il savait sur la Louisiane et le Mississippi pour créer un univers qui se rapprochait du lieu où le blues prend racine. Il faut cependant préciser que le musicien n’avait encore jamais mis les pieds en Louisiane et n’avait jamais vu le Mississippi quand il a écrit ces chansons.

De gauche à droite: Doug Clifford, Tom Fogerty, Stu Cook, John Fogerty
De gauche à droite: Doug Clifford, Tom Fogerty, Stu Cook, John Fogerty© Chris Walter/Getty Images – DR

Quelques années de gloire pour une fin amère et précipitée

En 1972, après quatre ans d’activité et sept albums en studio, le groupe s’est séparé pour ne plus jamais se reformer. L’égo du leader, les divergences artistiques des différents membres et un dernier album calamiteux ont précipité la fin de la formation.

John Fogerty s’est lancé dans une carrière solo et s’est promis de ne plus jouer les tubes de Creedence Clearwater Revival sur scène. Ne gagnant pas de royalties dessus, il ne voyait ça que comme une manière de faire de la pub pour le label Fantasy Records en possession des droits. Il a tenu cette promesse avant de la briser pour une première fois, en janvier 1986, lors de l’intronisation de Buddy Holly au Rock & Roll Hall of Fame où il joua Proud Mary accompagné de Jeery Lee Lewis, Keith Richards, Ronnie Wood et d’autres sommités du rock. Un an plus tard, à un concert de Taj Mahal, il monta sur scène avec Bob Dylan et Georges Harrisson pour un boeuf avant de se laisser convaincre par Dylan et de jouer une nouvelle fois sa chanson. Et, depuis un concert en l’honneur des vétérans de guerre en 1987, il a définitivement brisé son serment et reprend régulièrement les chansons du groupe, pour le plus grand plaisir de ses fans.

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Proud Mary a marqué les plus grand artistes de son époque. Et comme pour toutes les chansons à succès, elle a eu droit à son lot de reprises. Le grand Elvis Presley a repris Proud Mary sur son album live On Stage, The Shadows ont proposé une version instrumentale en 1970 et Tom Jones, Status Quo ainsi que Tina Turner ont également fait un cover. Mais la plus grande consécration pour John Fogerty a probablement été lorsque son idole, Bob Dylan, a crédité Proud Mary comme étant sa chanson préférée de l’année, en 1969.

Guillaume Picalausa

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