La folie bon enfant de tUnE-yArDs aux Nuits Bota

Tune-Yards au Cirque Royal © Lara Herbinia
Lisa Burek
Lisa Burek Stagiaire

Comme un vent de gaité épileptique étrangement ouvert par la mélancolie de Benjamin Clementine, tUnE-yArDs a fait escale au Cirque Royal ce vendredi 16 mai pour le coup d’envoi des Nuits Bota.

Les prémices des Nuits avec les Canadiens de BadBadNotGood lundi dernier étaient déjà de bon augure. Ce vendredi au Cirque Royal, on flirte avec la beauté minimale du récital de Benjamin Clementine avant de se déhancher devant une Merrill Garbus « aussi rigolote et bavarde qu’exploratrice et aventureuse ».

Quand les alarmes annonçant le début du concert se mettent à retentir au Cirque Royal, le mouvement ne se fait pas en trombe vers la salle. Les glaneurs restent encore quelques instants devant le lieu, les conversations se terminent doucement et les volutes de fumées s’échappent encore dans les derniers rayons de soleil.

Dans le métro parisien

Si le jeune Ghanéen a déjà construit un personnage viscéral que la vie semble avoir haché d’aventures, il n’est pas l’idole de ce soir. Benjamin Clementine demandera même le silence face à un public distrait et un peu trop bruyant à son goût. Et pourtant… Le charisme atypique du jeune londonien immigré quelques années à Paris saura atteindre la foule après un début crispé.

Son histoire est de celle que les films racontent avec romance. Paris, métro ligne 2. Porte Dauphine – Nation. Un homme, la vingtaine tout au plus, fait entendre sa voix au timbre profond en échange de quelques pièces pour des passants ignares. La manche des artistes. Mais parmi ces runboys parisiens, Benjamin Clementine rencontrera la bonne personne que l’oreille musicale a su avertir. Son single Cornestone le fera décoller: des concerts, des interviews, des fans… Le jeune homme est lancé. Dans son long manteau noir, Benjamin Clementine murmure ses désirs, hurle ses peurs, chante ses émotions sans jamais rire. Non, ici les yeux ont le regard dur et les lèvres sont serrées. C’est peut-être ce sérieux aussi exacerbé que les sentiments chantés qui en fera fuir certains. Pour les autres, le silence religieux rendra grâce à ce piano-voix ténébreux.

Folie bon enfant avec tUnE-yArDs

Quand tUnE-yArDs arrive sur scène, le vent mélancolique apporté par Benjamin Clementine disparaît en un rien de temps. Après tout, Merrill Garbus est là pour « divertir les gens ». Et elle le fera à ravir. Présentant son troisième album, Nikki Nack, tUnE-yArDs déballe ce fameux son bordélique comme on l’aime. Si le public ne sera pas aussi hystérique que la matière sonore, les deux danseuses et choristes qui accompagnent Merrill Garbus n’en démordent pas. Les gestes partent dans tous les sens et les voix sont contrôlées avec finesse. Chapeau bas les filles. Merrill Garbus au centre tiendra elle aussi son lot de plaisanteries. Le sérieux est mis de côté pour laisser les corps s’habiller de ces petits déhanchés désorganisés. L’artiste globe-trotteuse que Julien Broquet a rencontré pour Focus Vif dans un joli café bruxellois a de quoi transformer son live en rites initiatiques d’une nouvelle religion pour les intéressés. Choisissez votre bible.

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