Critique | Musique

Fleet Foxes – Helplessness Blues

FOLK | Les Fleet Foxes reviennent avec un disque aérien aux arrangements soignés et aux harmonies vocales lumineuses. Into the (Helplessness) Blues…

Parfois, on se sent obligé de nettoyer sa discothèque ou son iTunes. De virer ce qui a mal vieilli. Ce que, de toute évidence, on ne se mettra plus sous l’oreille. Ni dans 2 heures, ni dans 20 ans. En se laissant bercer par le charme du 2e Fleet Foxes, on sait déjà que, si personne ne nous l’a piqué d’ici là, Helplessness Blues nous accompagnera jusqu’au bout. Jusqu’à ce qu’on nous ensevelisse en boîte ou en poussière 6 pieds et le reste sous terre.

L’objet est arrivé si discrètement par la poste qu’on a mis quelques jours avant de le glisser dans la platine. Pecknold n’a jamais caché son soutien au téléchargement illégal. « C’est grâce à lui que j’ai pratiquement tout découvert. Quand papa a ramené un modem à la maison. » Mais il reste tout de même un label derrière dont le but demeure de vendre des disques et l’exem-plaire promo est étiqueté Pineapple, le premier nom du groupe (dont il a rapidement changé), histoire d’amenuiser les risques de fuite sur Internet.

Dès que le son s’échappe des enceintes, Helplessness Blues laisse à peine planer l’ombre d’un doute sur l’identité de ses auteurs. Intemporel et pastoral, ce disque avec ses orchestrations grandioses, sa voix sublime et ses choeurs de petits chanteurs à la croix de bois hippies dégage un incroyable sentiment de plénitude. Dès Montezuma, ouverture grandiose et céleste, tout est dit. Ce blues de l’impuissance est habité par la volatilité et la classe. La pureté et la grâce.

Les Fleet Foxes sont nés d’un amour commun pour Bob Dylan et Neil Young. Et les renards ont beau être de Seattle, si l’ombre du Loner plane sur leur album, c’est évidemment moins celle du mec qui a mis en boîte Mirror Ball avec Pearl Jam que du barbu qui bossait avec Crosby, Stills et Nash…

Frère de sang

Ça ne figurait pas dans ses plans. Aussi étonnant que cela puisse paraître, Pecknold a recruté un 6e membre, son ami Morgan Henderson, bassiste au sein des virulents et violents Blood Brothers. Les Fleet Foxes n’en ont pas pour autant perdu leur caressante délicatesse. Enregistré, comme d’habitude, avec Phil Ek (Built To Spill, The Shins, The Dodos) aux manettes, ce 2e album reste avant tout un disque aérien et majestueux. A ce niveau-là d’ailleurs, ce n’est plus de l’artisanat, c’est de l’orfèvrerie.

Bedouin Dress et son violon de vieille fête de village tutoient le vieux folk traditionnel américain. Tandis que Battery Kinzie, qui s’étend sur les regrets suscités par des romances gâchées (les Fleet Foxes et la musique ont coûté à Pecknold l’une de ses dulcinées), constitue avec l’hallucinant The Plains/ Bitter Dancer, morceau épique sur lequel on jurerait entendre Bert Jansch et Simon and Garfunkel, la pierre angulaire d’un disque qui file la chair de poule et réchauffe le coeur. Titre instrumental, The Cascades rappelle l’amour des barbus pour Ennio Morricone et les musiques de film. Là où Blue Spotted Tail joue la carte d’un vibrant dépouillement. Blues power…

Fleet Foxes, Helplessness Blues, distribué par Sub Pop. ****

Le 3/07 à Rock Werchter.

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Julien Broquet

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