Le concert du dimanche: Vald

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Après avoir animé les réseaux tout le week-end, le rappeur parisien a livré un grand medley hystérique sur la Last Arena.

223 000 festivaliers au total, répartis sur la semaine de festival : Dour peut souffler. Certes, c’est nettement moins que le record de 251 000 spectateurs enregistrés en 2019. Mais pour son retour aux affaires, après deux ans de Covid, l’événement a retrouvé ses sensations dans une plaine plus vaste et aérée. Et surtout son esprit – curieux, festif, éclectique -, assez unique en son genre.

Sans doute faudra-t-il recalibrer certaines scènes pour retrouver toute sa force de frappe. Par exemple en revoyant la place du rap, jugée trop importante par certains ? On l’a souvent entendu durant le festival. Puisque les Ardentes ont mis la main sur le créneau, avec un succès spectaculaire, est-il encore utile pour Dour de courir derrière ce « lièvre »-là ? Force est pourtant de constater que la plupart des concerts rap auxquels on a assisté durant les 5 jours ont fait le plein. Par ailleurs, une bonne partie des noms programmés étaient des habitués : de Josman à Roméo Elvis, de Dinos à Stikstof, tous ont eu à cœur de rappeler que Dour avait été parmi leurs premiers concerts en festival. Pourquoi celui-ci devrait aujourd’hui faire l’impasse ? A fortiori au moment où le genre bouffe encore une bonne partie de l’espace musical ?

Vald en est bon exemple. On se rappelle très bien de son premier concert dourois, en 2016, quand le festival avait encore cours du côté du site de la Machine à feu. Six ans plus tard, il est devenu l’une des têtes d’affiche. Une autre étant Booba, son nouveau meilleur ennemi. Pendant tout le week-end, la bisbrouille entre les deux rappeurs a d’ailleurs animé les réseaux, avant, pendant, et après leur passage samedi aux Francos de la Rochelle. A Dour, leurs concerts étaient espacés de 4 jours, B2O ouvrant la Last Arena jeudi, là où Vald la clôturait dimanche. Ouf… Le match s’est donc tenu à distance. Avec un avantage aux points pour Valentin Le Du ? Sans doute. Si l’un comme l’autre ont fait bien peu d’efforts pour attirer au-delà de leur public, il faut avouer que l’univers bordélique et foutraque de Vald correspond probablement mieux à l’ADN de Dour. Musicalement déjà, le rap du Parisien est un vrai foutoir : beat dance décomplexé (Regarde-toi), trap fumeuse (Dragon), blague reggae (Footballeur), gimmick turbofolk (Elevation), balade quasi variété (Annunaki), etc. C’est servi minute, en mode tapas : juste le temps d’une bouchée et on est déjà au son suivant. Après 20 minutes à peine, Vald a ainsi déjà dégainé près d’une dizaine de titres différents, dont son plus gros tube, Désaccordé. Le plus fou, c’est qu’il réussira à tenir ce rythme hystérique durant quasi tout le restant de son concert – une heure en tout -, affichant en permanence le même sourire mi-goguenard, mi-machiavélique.

Certes, sur la longueur, à force de ne jouer que des moitiés de morceaux, la tactique s’avère volontiers frustrante. Mais au fond, c’était peut-être bien le but : ne pas griller ses cartouches en ne donnant qu’un avant-goût de son concert en salle, prévu en octobre au Palais 12. Machiavélique, qu’on disait…

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