Faith No More nous laisse croire

© Noah Dodson

Mike Patton et sa clique ont vendu un set proche du best of mais sans génie particulier si ce n’est la voix fantasmagorique de son leader. Simple mais bon…

Il devait bien ça. En habitué de la maison, présent quasi chaque année avec l’un de ses (nombreux) projets, Mike Patton était de retour à Dour jeudi soir, pour l’ouverture du cru 2010. Et cette fois-ci avec Faith No More. Le groupe séparé en 98 avait relancé la machine l’an dernier avec une nouvelle fournée de concerts – au Pukkelpop notamment. Cet été, c’était à Dour de pouvoir en profiter.
Faut-il encore discuter les motivations d’une telle reformation ? Surtout, le débat intéresse-t-il encore quelqu’un ? Puisque de toutes manières, tout le monde, des Pixie au Libertines, y passe…

Et puis, ce soir, sur la Last Arena de Dour, l’enthousiasme y est. Les gaillards – tous en costards hormis le batteur Mike Bordin – montrent en effet une belle motivation. Patton en tête. Il déboule avec son mélodica pour débuter le concert avec une reprise du Midnight Cowboy de John Barry. S’en suit une première décharge en bonne et due forme (From Out Of Nowhere, Caffeine…). Evidence vient calmer un peu les échanges. Mais jamais pour très longtemps.

A ce petit jeu-là, FNM se montre à la fois fulgurant, terrassant, un peu pénible aussi. Ce qui frappe toujours : la voix de Patton, capable de crooner, rugir, hurler, croasser d’une chanson à l’autre (voire parfois au cours du même morceau). Le bonhomme reste l’attraction principale d’un concert qui ne sort finalement que peu de ses rails. La setlist tient ainsi du best of (Easy n’est pas loin, suivi de Ashes To Ashes puis Midlife Crisis repris en choeur). Avant de sortir une première fois de scène, Patton arrache quand même le câble d’un spot et tente d’inviter un gamin sur scène. En rappel, Be Agressive clôt un passage dourois pétaradant, à défaut de l’avoir rendu inoubliable. Parce sans véritable enjeu ?

En revenant après plus de 10 ans d’absence, Mike Patton et sa clique n’ont pas vraiment bougé les meubles : aucun nouveau matériel, un son à l’identique (la basse). Par contre, ils sautent toujours allègrement dessus.


En fait, ce qui frappe dans ce début d’été des festivals, c’est la place que prennent tous ces groupes issus des années 90. Pearl Jam et Green Day têtes de gondole à Rock Werchter, Pavement tête d’affiche aux Ardentes, Faith No More à Dour… Un problème d’actualité musicale ? Il est vrai qu’à part Muse, aucun gros bras ne tourne cet été (pas de Radiohead, ni Coldplay, ni White Stripes…).

Autre hypothèse : le paysage sociologique des programmateurs de festivals est aujourd’hui squatté par des trentenaires (pas faux), nostalgiques des années grunge (c’est plus douteux). Cela dit, l’explication est peut-être plus simple : et si les nineties avaient été le dernier moment où le rock et les guitares ont pu intéresser quelqu’un ? À chaque fois que l’on voit le succès des scènes électro, on se pose en tous cas la question…

Laurent Hoebrechts, à Dour



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