Dour Festival : le baromètre du samedi

© Olivier Donnet

Il y avait énormément de monde sur la plaine de Dour ce samedi. On vous partage ce qu’il y a à retenir de ce samedi à Dour.

Le plus footeux : Benjamin Epps

La musique de manière générale s’internationalise. Qui aurait pu prédire il y a vingt ans que la FNAC aurait des rayons entiers consacrés à la pop coréenne ou qu’un groupe italien vainqueur de l’Eurovision ferait aimer le rock aux gosses? Et si l’avenir du rap du coup était gabonais. Né en 1996 à Libreville, exilé en France et validé par Booba, Benjamin Epps fait du hip hop à l’ancienne. Bercé par le rap français des années 90 (La Cliqua, Secteur Ä) et le flow east coast. Benjamin est ce qui pouvait arriver de mieux au rap francophone écrivent les Inrocks sur cet amateur de foot qui fait des clins d’oeil à Zinédine Zidane et donne des tapes dans le dos à Kylian Mbappé. Cette année, Benjamin a sorti Vous Etes pas content? Triplé! T’as pas la réf? Qu’à cela ne tienne. Tu vas encore entendre parler de ce mec qui cite Ronaldo et Messi, SCH et Jul.

Le plus note bleue : Makaya McCraven

C’est dans l’air du temps même si ça peut sembler surprenant. Il y en a beaucoup du jazz cette année au festival de Dour. Et avec la saxophoniste anglaise Nubya Garcia, le batteur américain Makaya McCraven programmé au Labo par Lefto est de ceux qui ont marqué les esprits. Makaya McCraven, c’est la scène de Chicago. Le label International Anthem (Jamie Branch, Ben Lamar Gay, Angel Bat Dawid). Un mec qui a réinterprété l’album testament de Gil Scott-Heron I’m New Here (We’re New Again). Et 20 ans après Madlib a été invité l’an dernier à revisiter des classiques du catalogue Blue Note (Deciphering The Message). Nouvel âge d’or? Batteur ascendant beatmaker, Makaya continue de revigorer le genre et sortira son nouvel album, In These Times, le 23 septembre.

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La plus stylée : Sylvie Kreusch

On peut dire ce qu’on veut et à quelques chansons près rester de marbre face à son premier album sorti à l’automne. Elle a quand même la classe et du style Sylvie Kreusch avec ses faux airs d’Isabelle Adjani.  Fringuée comme pour une Fashion Week (en 2018, elle jouait les modèles à Paris pour Ann Demeulemester), l’Anversoise a donné un concert plutôt sensuel et élégant. Echappée de Warhaus, Kreusch (ex Soldier’s Heart) joue dans son propre film noir. La Femme fatale, comme chantait le Velvet, de la scène rock belge.

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Le plus fédérateur : Laurent Garnier

Quand il n’organise pas un festival (le Yeah) chez lui dans le petit village de Lourmarin (Lubéron) et n’enregistre pas des disques de rock psychédélique hypnotisant avec les Liminanas (De Pelicula), Laurent Garnier continue d’enflammer la nuit. Samedi, du haut de 56 ans qui en font une légende vivante et l’un des patriarches de la culture électronique mondiale, Garnier a encore balancé un set taille patron. Rassembleur, le DJ français parle autant aux ados qu’aux quadras, aux clubbers qu’aux raveurs des bois. Il a mis tout le monde d’accord pendant deux heures à la Balzaal. Impressionnante boîte de nuit à ciel ouvert qui a encore pour l’occasion dû se faire entendre à quelques kilomètres à la ronde.

La plus trap : Le Juiice

Les filles dans le rap, éternel sujet de dissertation. Samedi, dans la Chaufferie, Le Juiice a toutefois rapidement clôturé le débat. Elle ne l’évacue pas – en fin de set, le banger collectif Ahoo est balancé avant de laisser la place à une jeune collègue ( « parce que c’est important de donner de la visibilité aux rappeuses »). Mais le plus souvent, Joyce Okrou de son vrai nom cherche surtout à faire bouger la salle. Elle y arrive sans même avoir l’air de forcer. Le Juiice a l’aisance et la prestance qui manquent parfois cruellement à certains de ses collègues masculins. Sans grand effet de manche, la rime tombe toujours juste, simple et efficace. A l’image d’un concert engagé – et vas-y que je descends faire un tour dans le public -, et sans temps mort.

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Les plus pop : Metronomy

En fêtant l’an dernier, le dixième anniversaire de The English Riviera, Joe Mount s’est rendu compte que son groupe avait désormais dans les mains ce qu’on appelle une carrière. Quatre autres albums ont ainsi suivi – dont Small World sorti en début d’année. Et même s’ils n’ont pas eu le même impact que le blockbuster précité, ils recèlent assez de pépites pop que pour alimenter un concert feelgood particulièrement enlevé et rassembleur.

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Le plus fouteur de merde : Niska

Entre deux bangers maison, le juré de Nouvelle école et son DJ n’ont pas hésité à mettre les pieds dans le plat : « La semaine dernière, des potes sont allés aux Ardentes et nous ont dit que c’était le feu. Mais je leur ai expliqué que c’est ici que ça se passe, hein, Dour !. » Le débat est lancé…

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Le plus funky : Folamour

Pendant une heure et demie, le producteur français s’est mis la balzaal dans la poche. Mais contrairement à une grande majorité de ses prédécesseurs, ce n’est pas à coup de techno froide et brute, mais grâce à sa sélection pointue d’hymnes funk, disco, voire soul. Chapeau bas, qui est plutôt un bob pour l’occasion.

Le plus défricheur : Lefto

Parce qu’il a programmé cette journée de samedi au labo avec des artistes de grande qualité (LB aka Labat, Jameszoo…), mais surtout parce que même alors qu’il n’a rien à prouver, il montre qu’il est très fort. Et puis, ouvrir sur du Kendrick Lamar à 2h45 du matin, c’est quand même un pari. Et il l’a remporté haut la main.

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