Damso: vers l’infini, et au-delà

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Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Moins d’un an après le succès de QALF, l’artiste belge le plus streamé est déjà de retour avec QALF Infinity. Au menu, une suite, plus monochrome, mais toujours aussi riche.

Chose promise, chose due. Comme il l’avait officiellement confirmé la semaine dernière, Damso a bel et bien sorti ce jeudi son nouvel album. Cela faisait un moment qu’il l’avait teasé. À sa manière, en jouant volontiers le mystère. Le rappeur a appris en effet à communiquer peu, disséminant les indices sur sa musique, dans un grand jeu de piste, dont ses fans sont devenus friands. Sorti en septembre dernier, l’album QALF glissait ainsi dans son packaging une date (28.04), et une série de lettres grecques. De quoi laisser penser que Damso s’était enfin décidé à compléter l’alphabet, entamé sur la tracklist de son album Ipséité, son blockbuster de 2017. Bingo! Quatre ans plus tard, c’est chose faite. Présenté en avant-première la veille au soir sur Instagram, QALF Infinity a déboulé ce jeudi sur les plateformes de streaming.

Jusqu’ici, cette tactique a parfaitement fonctionné, aussi bien commercialement qu’artistiquement. Et sur la foi d’une première (et unique) écoute -la seule prévue pour la presse, fin de semaine dernière, dans les locaux de sa maison de disque-, on peut parier que ce sera à nouveau le cas.

QALF se terminait avec un Damso, « rechargé », rugissant un « nwaar » étranglé. De fait, son successeur, conçu avec la même équipe de base, revient à des humeurs plus uniformément sombres. Plus de ballade r’n’b à la 911 ou de couleurs africaines façon Fais ça bien. Sur Infinity, les morceaux qui accrochent d’abord l’oreille sont des uppercuts: TheVie Radio (suite de l’interlude du même nom) et, surtout, Zwaar, saturé façon Yeezus. Le plus souvent, William Kalubi rumine ses amours, ses emmerdes, et en général une vie qui a du mal à tenir ses promesses. Comme si le succès et la reconnaissance n’avaient rien réglé. Que du contraire. Dans l’inédit Peur d’être sobre, Damso se demandait comment supporter le monde, sans fumer ou « boire autant que moi ». Le problème, c’est qu’aujourd’hui, « l’alcool ne me fait plus rien », raconte-t-il sur Chialer (en duo avec YG Pablo), à l’image de Karoo, l’anti-héros désenchanté de Steve Tesich.

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La bonne nouvelle, c’est que Damso n’abandonne pas la musique pour autant. Au contraire, il semble de plus en plus s’immerger dedans. La plupart des morceaux prennent souvent plusieurs détours, profitant d’un break pour changer d’ambiance (Vantablack). Produit par Ikaz Boi, Morose, par exemple, se termine avec un solo de saxophone quasi FM. On retrouve le même instrument sur Chialer, mais en mode plus crépusculaire. Plus loin, Passion démarre avec un choeur gospel. C’est aussi le morceau le plus « narratif » de l’album, Damso revenant sur son parcours, des débuts parrainés par Booba à la polémique Diables rouges. « La vie de star est une vie carcérale de luxe », finit-il par constater. Certes, sur Vivre un peu, dans lequel on entend à nouveau la voix de son fils, il concède: « Je ne regrette pas ce que j’ai, ou alors peut-être un petit peu ». Car, insiste-t-il sur le morceau qui termine l’alphabet grec, « les bons moments sont rares dans la célébrité ».

En toute fin, Youvoi est le morceau bonus qui donne un peu d’air. Afropop à la nigériane, il amène le rappeur vers une nouvelle couleur sonore. Mais sans forcément le détourner de ses états d’âme. Nwaar, c’est nwaar…

Damso, « QALF Infinity », distribué par Universal.

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