Critique | Musique

[Chronique CD] Louise Attaque, au pas

Louise Attaque © Yann Orhan
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Plus de dix ans après leur dernier album, les Français de Louise Attaque repartent au front, noyant leur élan dans un emballage pop un peu trop ballot.

La route de Louise Attaque a toujours semblé compliquée. Probablement plus qu’elle n’aurait dû l’être. Il y a eu évidemment le succès massif du premier album, en 1997. A l’époque, ses près de trois millions d’exemplaires vendus ont surpris tout le monde, jusqu’au groupe lui-même -constitué de Gaëtan Roussel, Arnaud Samuel, Robin Feix et Alexandre Margraff. Il a fallu composer avec une popularité aussi soudaine. En 2000, Comme on a dit ne pouvait cacher les crispations et la gêne. L’histoire classique du tube devenu fardeau… C’était le moment de prendre l’air, les uns et les autres se lançant dans des projets parallèles (Tarmac, Ali Dragon). Il faudra alors attendre cinq ans pour que Louise Attaque ne sorte A plus tard crocodile: un disque qui, tout inégal qu’il soit, reste peut-être celui qui a le mieux résisté au temps. Malgré cela, le groupe rentrera dans un coma prolongé.

Mouise attaque

L’été dernier, Louise Attaque annonçait toutefois son grand retour. Fin 2013, Roussel, qui mène désormais une carrière solo plutôt épanouie, invitait ses collègues à le rejoindre sur le plateau de l’émission Alcaline. Ce qui n’avait pas suffi à recoller les morceaux auparavant (l’inédit Du monde tout autour, en 2011) a relancé cette fois les débats. Visiblement houleux: Alexandre Margraff laissera ses camarades continuer sans lui… Réduit à un trio, Louise Attaque repart donc aujourd’hui au front. Près de 20 ans plus tard, il traîne toujours malgré lui la casserole de « l’album de rock français le plus vendu de l’Histoire ». Ce qui en dit long, à la fois sur l’écroulement des ventes évidemment, mais aussi sur le pouvoir d’attraction du rock (en) français: loin d’être mort -à bien des égards, la scène hexagonale actuelle est même particulièrement remuante-, mais incapable de rassembler. Le rock en 2016? Plus personne n’a cet accent-là…

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Louise Attaque, en premier lieu. Le nouvel album le démontre par A plus B: s’il a jamais été rock un jour, le groupe a aujourd’hui largement viré sa cuti. Epaulé par un jeune producteur anglais (Oliver Som), Louise Attaque a pris le pli pop -démontrant que, dans le groupe, Roussel a définitivement pris la main. Le morceau Anomalie, par exemple, fait largement penser à du Coldplay, période Viva la Vida. Les fans pourront trouver le geste déstabilisant. Mais en début de disque, le titre a le mérite de galvaniser les troupes. Les choses se gâtent cependant par la suite. Les tics mélodiques sont toujours là, pour le meilleur (Du grand banditisme, Chaque jour reste le nôtre), mais aussi parfois pour le banal (Avec le temps, Un peu de patience). C’est toutefois quand l’habillage électro-pop est le plus prégnant que les chansons posent réellement problème: sur Les pétales, Gaëtan Roussell a beau singer le phrasé de Bashung, c’est à un mauvais morceau de Mylène Farmer que le refrain fait surtout penser…

Après une aussi longue absence, on aurait pu attendre de Louise Attaque une plus grande intensité. Au lieu de ça, le groupe se contente d’un lifting finalement très sage. Au dictionnaire des synonymes, l’anomalie peut être remplacée par les mots « étrangeté » ou « bizarrerie ». On les cherche toujours.

LOUISE ATTAQUE, ANOMALIE, DISTRIBUÉ PAR UNIVERSAL.

EN CONCERT LE 17/04, À L’AB, BRUXELLES. ÉGALEMENT CET ÉTÉ AU BSF (LE 12/08), À LA FÊTE DES SOLIDARITÉS, À NAMUR (LE 27/08).

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