Critique | Musique

Ballaké Sissoko – At Peace

Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

WORLD | Il y a une douzaine d’années, une nuit bouillante d’avril à Bamako, on est allé chez Toumani Diabaté, écouter ce grand joueur de kora.

BALLAKÉ SISSOKO, AT PEACE, DISTRIBUÉ PAR PIAS. ****

WORLD | Il y a une douzaine d’années, une nuit bouillante d’avril à Bamako, on est allé chez Toumani Diabaté, écouter ce grand joueur de kora. La demi-calebasse de l’instrument flanqué d’un long manche aux 21 cordes cristallines semble alors éclairer le ciel encre de ses vapeurs, berçant aussi les enfants protégés par la moustiquaire. Il nous en est resté une forte madeleine de Proust-sur-Mali: jouez de la kora et cette Afrique-là, bout glorieux de l’ancien Empire mandingue, revient faire valser le grand onirisme nègre dans notre ADN européen. C’est bien sûr le cas de l’album de Ballaké Sissoko, découvert chez nous en 2009 par sa collaboration avec le violoncelliste Vincent Segal, entendu chez M, Sting ou Susheela Raman. Toujours présent mais plus discret sur cette collection de neuf morceaux qui laissent le maximum d’espace à la kora, souvent solitaire, de Sissoko. Dans ce théâtre acoustique dénudé, le son viscéral est roi.

C’est une musique qui semble venir du bout du monde, ou peut-être d’une autre galaxie, où la volupté fondamentale des notes égrenées en suaves partitions rend grâce au titre du disque, At Peace. La dextérité est bien là, mais jamais elle ne détrône le plaisir des morceaux dont le flair narratif est évident. Cette beauté « koralienne », parfois rejointe aussi par une guitare et un balafon efface la violence et la vulgarité endémiques du monde. Comme un opium qu’il serait sensé de mettre en vente libre.

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