An Pierlé & White Velvet, grandes étendues musicales

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Parce que « c’est la périphérie qui définit le centre », An Pierlé continue avec « Hinterland » à tracer sa route, personnelle et aventureuse.

Que fait-on quand, comme An Pierlé, chacun de ses quatre albums studios précédents s’est vu décerner un disque d’or? « Pour l’instant, c’est vrai qu’on n’a pas encore été trop affecté par la crise de l’industrie du disque, explique Koen Gysen, compagnon-producteur-leader du White Velvet d’An. Mais on sait que cela va arriver. » Comment dès lors se lancer dans un nouvel album? Le plus librement possible. An Pierlé: « C’est la seule option possible pour nous. Il y a déjà tellement de groupes qui courent derrière les radios. Si cela marche tant mieux. Mais dans le cas contraire, non seulement vous vous prenez un rateau, mais en plus vous vous êtes perdus en route. »

Les grandes épopées d’Hinterland sont ainsi nées miniatures. Des petites esquisses tracées par An sur son ordinateur. « Koen était parti pour une semaine à l’étranger. Pour rigoler, il m’a proposé d’écrire une chanson par jour. L’important était de terminer le morceau. Sans pression, juste avec l’idée d’aller jusqu’au bout du processus et de voir ce que cela allait donner. Finalement, je me suis retrouvée avec huit chansons! » Dont une partie constitue l’ossature d’Hinterland. Après, certes, il faudra du temps à Koen pour rentrer dans des démos qui « sonnaient parfois très 80’s », rigole la chanteuse. N’empêche: l’élan est là. Priorité au direct, « au feeling, alors que sur le disque précédent, on a passé pas mal de temps à ce que tout sonne à la perfection », explique Koen Gysen.

Lâcher prise

C’était donc écrit: Hinterland, cinquième album d’An Pierlé, sera, sinon son album le plus personnel, celui réalisé le plus rapidement, sans filet. « Le fait que j’étais enceinte a aussi imposé une deadline, explique-t-elle. On savait qu’arrivée à huit mois, je n’aurais plus assez de souffle pour chanter. » Autre conséquence: le piano est moins présent que d’habitude. « Parce que j’avais moins envie, explique An Pierlé. Mais aussi parce qu’avec mon ventre, il y avait une distance avec l’instrument. »

On peut également très bien imaginer que la naissance a modifié l’horizon du couple. Plus question de s’acharner sur des détails, l’important est ailleurs. An Pierlé: « Sur le disque précédent, on faisait 150 prises, on essayait 30 micros… Résultat: aujourd’hui, on sait comment enregistrer un disque. Mais on avait envie d’autre chose, de retrouver une certaine spontanéité. » Koen Gysen résume: « Pour ce disque, on a moins voulu se concentrer sur le fait que tout soit en place. L’important était d’abord l’inspiration du moment, quitte à laisser des « fautes ». Essayons d’utiliser la vie qu’il y a dans l’enregistrement même. »

Dans Hinterland, le petit monde fantasmagorique d’An Pierlé est toujours bien là: des petits contes tortueux aux allures parfois gothiques. Mais les teintes se font plus chaudes pour le coup, jouant davantage sur les textures que sur la ligne mélodique. Avec toujours cette voix si libre, se permettant même les graves (Little By Little, Everything Is New Again). « La vie passe, explique An. Donc autant faire ce qui nous plaît et ce qui nous ressemble. Et le faire le mieux possible. »

Hinterland est donc bien un disque d’An Pierlé. Et en soi, c’est déjà
énorme.

An Pierlé & White Velvet, Hinterland , distribué par Pias.
En concert notamment le 06 novembre à l’ Ancienne Belgique, Bruxelles.

Hinterland

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Laurent Hoebrechts

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