Alice dans la ville

Lokeren avait des allures de rock’n’roll circus dimanche soir. Même à 62 ans, l’Américain Alice Cooper continue de faire le mariolle avec son look d’outre-tombe et ses mises en scène macabres.

Certains ne connaissent Alice Cooper qu’à travers son apparition dans Wayne’s World.  » On est tout petits. On est à chier,  » martelaient Wayne et Garth agenouillés aux pieds de Vincent Furnier (Alice Cooper est selon la légende le nom d’une sorcière anglaise dont il se serait cru la réincarnation pendant une séance de spiritisme). Inventeur d’un rock théâtral et grand guignol fait de déguisements, de make-up, de mise en scène et d’épouvante, l’Américain est tout sauf une vaste blague. Même si c’est avec beaucoup d’humour et de sens du divertissement, le souhait de ce fils de pasteur baptiste a toujours été de montrer à la société les mutants qu’elle avait enfantés. D’incarner la violence morale et physique qui l’habitait.

Pour la petite histoire, il jouait au golf (parfois extrêmement bourré) avec de nombreuses personnalités de la politique, de la finance et du spectacle. Dali l’a même invité à participer à l’une de ses oeuvres et filmé, paré de diamants, coiffé d’un diadème, en train de croquer la tête d’une réplique de la Venus de Milo.

En 2010, Cooper, 62 balais, ne monte plus sur scène avec son boa constrictor mais comme on a encore pu le constater dimanche soir à Lokeren, ses concerts tels que dans les années 70 s’apparentent à des spectacle macabres, drôles mais pas risibles, dignes des films d’horreur qu’on se regarde entre potes, ados, le samedi soir à la télé. Si Alice est maquillé comme une voiture volée, cette caisse, c’est Christine. La bagnole tueuse de Stephen King. Car faut le savoir, le  » freak  » de Detroit meurt à la fin de presque toutes ses chansons. Que ce soit guillotiné, pendu à une potence ou, lors de Poison, contaminé à l’aide d’une seringue géante.

Entre la chaise électrique, la camisole de force, la mutation en araignée et le crime par strangulation… Il s’en passe des choses pendant un gig d’Alice Cooper. Kiss et Marilyn Manson avant l’heure. Musicalement, c’est plutôt des groupes comme les Guns (ils ont tourné ensemble et Alice apparaît sur le dernier Slash) qui ont tout pompé. Voyage au bout de l’enfer rock… On passe du classic au hard avec un détour par le glam genre T-Rex/Marc Bolan.

Les affreux jojos s’arrêtent rapidement sur No More Mr Nice Guy et I’m Eighteen. Succès inespéré en 45 tours qui avait dans le temps (en 1971) permis au bonhomme, amoché par le LSD, partageant la même chambre d’hôtel que ses musiciens pendant plusieurs mois, de rembourser 100.000 dollars de dettes. Dans le public, tout le monde a le même sourire de gosse. Et quand en rappel, Vince débarque en brandissant le drapeau belge –  » Vous avez des problèmes à Bruxelles. Vous avez des problèmes à Anvers. Mais je m’en fous.  » I want to be elected  » -. On aurait presque envie de retourner aux urnes.

Julien Broquet

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