Mush devrait encore être en train de défendre son premier album sur les routes. De dégueuler et suer 3D Routine dans des salles de moins en moins pouilleuses et devant un public de plus en plus acquis à sa noble et punk cause. Sauf que ce disque, impeccable carte de visite, Mush l’a sorti le 14 février 2020. Juste avant que la planète s’arrête de tourner et jette des regards méfiants au moindre éternuement. Traitant au mieux le postillonneur comme un criminel de guerre. Plutôt que de pleurer sur son triste sort de groupe au chômage technique, le gang de Leeds (à ne pas confondre avec celui de Bordeaux dans les années 90 et le producteur stéphanois) s’est transformé en rat de studio, a enquillé deux EP ( Great Artisanal Formats et Yellow Sticker Hour) et déballe déjà son deuxième long format. Mixé par Lee Smith (Pulled Apart By Horses, The Cribs…), Lines Redacted est une petite tuerie de disque aux guitares bancales et au rock nonchalant. Après punk, punk tout court… Mush connaît bien l’Angleterre de Gang of Four (glorieux héritage du Yorkshire), le New York des quatre fantastiques (Hell, Thunders, Richman, Verlaine) et les faux branleurs de slackers (Pavement en tête). Mush est surtout le Parquet Courts de la couronne. 3D Routine documentait la vie britannique au temps du Brexit. Mordant, marqué par l’atmosphère politique de 2019 mais teinté d’une lueur d’optimisme alors que le pays pouvait encore rêver d’un gouvernement socialiste… Lines Redacted est un disque plus cynique et ironique. Il raconte la déprimante situation actuelle du point de vue de différents narrateurs. Trois quarts d’heure et douze morceaux pas mièvres pour un sou qui sentent la bière et la bête. Le must de la semaine.

« Lines Redacted »

Distribué par Memphis Industries/V2.

9

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