Moteurs de recherche écologiques, kézako?

Réduire son empreinte écologique est désormais possible grâce aux moteurs de recherche écologiques © Getty Images/iStockphoto

Générer gratuitement des dons à des associations par le biais d’une recherche Internet n’est plus utopiste: les moteurs de recherche écologiques redéfinissent le principe même de solidarité. Concept émergeant du « Web solidaire », comment fonctionnent-ils? Et surtout, sont-ils vraiment écologiques?

Depuis 2010, Greenpeace s’est donné pour mission d’inciter les moteurs de recherche à abandonner les énergies polluantes afin de laisser place aux énergies renouvelables. Pour étayer leur campagne ClickClean, ils ont évalué l’empreinte énergétique de plus de 70 sites et applications Web et leur ont attribué une note sur base de 3 critères, allant de A (pour les plus respectueux de l’environnement) à F (pour les plus pollueurs). En parallèle à cette initiative, le Web solidaire, nouvelle tendance vouée à créer de nouvelles initiatives de solidarité en ligne, participe à l’émergence de concepts très innovants: financer des projets sociaux et environnementaux grâce à l’invention de moteurs de recherche écologiques.

« Puis-je me marier avec mon cousin? », « Les vers de terre ont-ils des yeux? », « Comment brûler des calories? » ou encore « Combien y-a-t-il de mètres cubes d’eau dans une piscine olympique? » 200 millions de recherches Internet par jour et pour toutes -des plus farfelues au plus avisées-, le fonctionnement reste le même: le mot clé encodé dans la barre de recherche passe par un immense réseau de câbles de 930.000 kilomètres pour ensuite rejoindre un serveur qui transfère celui-ci vers un centre de données. Le mot atterrit ensuite dans un data center, propre à l’hébergeur du moteur de recherche, et termine sa course, le plus souvent de l’autre côté de l’Atlantique. Après analyse, le résultat de la recherche repart en chemin inverse pour arriver pas moins d’une seconde plus tard sur nos écrans. À ce stade, 7 grammes de CO2 ont déjà pollué la planète. Combiné aux milliers de serveurs qui fonctionnent en continu et aux systèmes de refroidissement nécessaires pour éviter les dysfonctionnements, c’est en tout 7 tonnes de CO2 qu’émettent chaque jour l’ensemble des recherches faites sur le Web.

Pour mieux se représenter la quantité d’énergie électrique générée par une recherche Internet, il faut s’imaginer que si le Web était un pays, il serait le sixième plus grand consommateur d’énergie au monde. 7 grammes de CO2 multipliés par les milliards d’internautes, l’impact écologique est colossal.

Les moteurs de recherche écologiques, appelés méta-moteurs, utilisent la technologie des moteurs de recherche habituels comme Google, Yahoo et Bing, mais reversent une partie de leurs revenus à des causes écologiques, sociales et humanitaires. L’internaute n’a donc pas un centime à débourser, les moteurs de recherches « altruistes » s’en chargent pour lui. Focus sur 4 d’entre eux.

ECOSIA

Ce moteur de recherche utilise la technologie de Bing. Les revenus générés par la publicité servent à reboiser des forêts touchées par la déforestation notamment en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Depuis 2019, c’est plus de 41 millions d’arbres qui ont été plantés. 80% des bénéfices vont à un programme de reforestation. 45 recherches en moyenne suffisent à planter un arbre. Depuis mars 2018, plus de 6,6 millions d’euros ont été collectés depuis la mise en ligne du site en décembre 2009.

LILO

Ce moteur de recherche utilise principalement la technologie Google. Lilo reverse une partie de ses bénéfices à des projets sociaux et environnementaux notamment en et fonctionne selon un principe de gouttes d’eau. L’utilisateur en gagne une pour chaque recherche effectuée. Celles-ci sont alors transformées en argent qui est lui-même reversé mensuellement aux projets auxquels l’utilisateur souhaite contribuer. 1000 gouttes d’eau valent entre 2 et 3 euros. Au total, c’est plus d’un million d’euros reversés à 136 projets.

ECOGINE

Utilisant lui aussi la technologie Google, ce moteur de recherche écologique imaginé par trois étudiants français verse la totalité de ses bénéfices à des associations environnementales en France. 1000 recherches équivalent à 200 euros reversés à des associations. En 2017, 3000 euros ont pu être distribués parmi celles-ci.

GOOD SEARCH

Utilise quant à lui les résultats de Yahoo et donne la moitié de ses revenus aux oeuvres caritatives américaines, choisies par les utilisateurs. L’outil Goodshop s’y est ajouté: chaque achat en ligne entraîne un don pouvant être offert à 113.000 ONG différentes. Des bons de réductions et des promotions sur les achats en ligne sont disponibles dans plusieurs magasins. Depuis sa création, le moteur de recherche a récolté plus de 11 millions de dollars (plus de 9 millions en euros).

Bien que la quantité d’énergie utilisée pour effectuer une recherche soit la même, la différence réside dans le fait que les bénéfices générés par la publicité et autre par les moteurs de recherche sont utilisés à des fins humanitaires et écologiques et non à augmenter le chiffre d’affaires des géants du Net. Quitte à laisser une empreinte écologique, le Web solidaire propose une alternative qui permet de financer des causes environnementales plutôt que d’enrichir les entreprises.

Emilie Petit

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