Mort du géant de la littérature espagnole Gabriel Garcia Marquez

L'écrivain colombien Gabriel Garcia Marquez, en mars 2014 © Reuters
FocusVif.be Rédaction en ligne

Le prix Nobel colombien de Littérature Gabriel Garcia Marquez, considéré comme un des plus grands écrivains de langue espagnole, est mort jeudi à son domicile de Mexico des suites d’une pneumonie.

« Mille ans de solitude et de tristesse pour la mort du plus grand Colombien de tous les temps », a annoncé le président colombien Juan Manuel Santos sur son compte Twitter en référence à son chef d’oeuvre Cent ans de solitude. « Les géants ne meurent jamais », a ajouté le président colombien.

Quelques minutes plus tôt, le journaliste de la chaîne mexicaine Televisa Joaquin Lopez-Doriga avait annoncé -également sur Twitter – que l’écrivain âgé de 87 ans était « décédé à son domicile de Mexico » aux côtés de son épouse et de ses deux fils. Jeudi après-midi, de nombreux badauds s’étaient massés devant son domicile de Mexico, situé dans le quartier cossu de El Pedregal de San Angel, où aucun membre de sa famille ne s’était encore exprimé devant la presse. L’écrivain et photographe colombien Guillermo Angulo, ami proche de l’écrivain, a été vu en train d’arriver au domicile de l’écrivain, mais il n’a pas non plus souhaité faire de commentaire. Ces derniers jours, Gabriel Garcia Marquez se trouvait selon sa famille dans un état de santé « très fragile ». Le 8 avril, il avait quitté un hôpital de Mexico après y avoir subi pendant huit jours de traitement pour une pneumonie. Le quotidien mexicain El Universal, citant des « sources dignes de foi », avait indiqué en début de semaine que le cancer lymphatique dont avait été victime Gabriel Garcia Marquez il y a quinze ans était réapparu et s’étendait maintenant au poumons, aux ganglions et au foie. Mais M. Santos avait démenti cette version deux jours plus tard, affirmant que l’écrivain avait « souffert d’une pneumonie à un âge avancé ».

De son côté, la famille de Gabriel Garcia Marquez avait précisé que ce dernier se trouvait dans un état de santé « très fragile » mais « stable » dans sa maison de Mexico, sans faire allusion à un cancer. Installé au Mexique depuis 1961, avec des périodes de séjour alternées à Cartagena (Colombie), Barcelone (Espagne) et La Havane, Garcia Marquez vivait depuis plusieurs années retiré de la vie publique et, lors de ses rares apparitions, ne faisait aucune déclaration à la presse. Sa dernière apparition publique remonte au 6 mars lorsqu’il était venu à la porte de sa résidence du sud de Mexico, où il vit depuis plus de 30 ans, pour recevoir des journalistes venus lui rendre visite pour son anniversaire. Le Colombien est considéré comme l’un des plus grands écrivains de l’histoire de la littérature de langue espagnole. L’oeuvre qui lui a valu la célébrité est Cent ans de solitude, roman publié en 1967, traduit depuis en 35 langues et vendu à plus de 30 millions d’exemplaires. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1982. La célèbre académie avait alors salué une oeuvre « où s’allient le fantastique et le réel dans la complexité riche d’un univers poétique reflétant la vie et les conflits d’un continent ». Sa dernière oeuvre, Mémoire de mes putains tristes, est parue en 2004.

Deuil national en Colombie

« En hommage à la mémoire de Gabriel Garcia Marquez, j’ai décrété un deuil national de trois jours », a déclaré M. Le président de la Colombie, Juan Manuel Santos lors d’une brève allocution solennelle à la télévision. Le chef de l’Etat a également donné l’ordre de « mettre le drapeau en berne dans toutes les institutions publiques ». « Nous espérons que les Colombiens feront de même dans leurs maisons », a-t-il ajouté.

Les hommages des quatre coins de la planète

Le président américain Barack Obama a également fait référence à ce roman traduit en 35 langues et publié à 30 millions d’exemplaires dans le monde. « J’ai eu le privilège de le rencontrer une fois à Mexico où il m’a offert un exemplaire dédicacé du livre, que je chéris encore aujourd’hui ». Pour le président américain, « avec le décès de Gabriel Garcia Marquez, le monde a perdu un des ses plus grands écrivains visionnaires, et l’un de mes préférés quand j’étais jeune ».

L’ancien président américain Bill Clinton a aussi exprimé sa tristesse en se référant au chef d’oeuvre de Garcia Marquez. « Depuis le temps où j’ai lu Cent ans de solitude, il y a plus de 40 ans, j’ai toujours été stupéfait par ses dons uniques d’imagination, de clarté de pensée et d’honnêteté émotionnelle (…) J’ai été honoré d’être son ami et de connaître son grand coeur et son esprit brillant pendant plus de 20 ans. »

Le président mexicain Enrique Peña Nieto a estimé qu’« avec son oeuvre, Garcia Marquez a rendu universel le réalisme magique latino-américain, marquant la culture de notre temps ». Il a rappelé que, né en Colombie, l’écrivain avait fait du Mexique « son foyer, enrichissant ainsi notre vie nationale ». En Amérique latine, les autres chefs d’Etat ont encensé la mémoire de l’écrivain.

Pour le président équatorien Rafael Correa, « Gabo nous a quittés, nous allons avoir des années de solitude, mais il reste ses oeuvres et son amour pour la Grande Patrie (l’Amérique latine). Jusqu’à la victoire toujours, cher Gabo! »

Selon la présidente brésilienne Dilma Rousseff, « ses personnages uniques et son Amérique latine exubérante resteront gravés au coeur de la mémoire de millions de lecteurs » et pour le président du Venezuela, Nicolas Maduro « Gabo a laissé son empreinte spirituelle gravée dans la nouvelle ère de notre Amérique ».

La guérilla colombienne des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxiste) a également exprimé ses condoléances. « Une perte pour la Colombie, une perte pour le monde avec le décès de #Gabo », ont écrit les Farc en espagnol et en anglais sur leur compte Twitter. De grands noms de la littérature latino-américaine ont également rendu hommage au prix Nobel colombien.

L’écrivain péruvien Mario Vargas Llosa, autre prix Nobel latino-américain, a assuré que « ses romans vont lui survivre et continuer de gagner des lecteurs partout ». L’écrivain brésilien à succès Paulo Coelho considère que Garcia Marquez « a brisé le mur entre la réalité et la fantaisie, ouvrant la voie à toute une génération d’écrivains sud-américains ».

La romancière chilienne Isabel Allende a dit à l’AFP que Garcia Marquez « fut la voix qui a raconté au monde qui nous sommes et a nous a montrés à nous Latino-américains qui nous sommes dans le miroir de ses pages ». « La seule consolation est que son oeuvre est immortelle. »

Des artistes, comme la pop star colombienne Shakira, ont exprimé leur émotion. « Ta vie, cher Gabo, nous nous en souviendrons comme d’un cadeau unique et inimitable. » Pour le chanteur colombien Juanes, « le plus grand de tous est parti, mais sa légende immortelle reste ».

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