Morceaux cassés d’une chose

« Je n’étais pas en paix avec moi-même, mais j’étais en paix avec celui que je voulais être, c’était déjà pas mal. Je voulais écrire, rien d’autre. » À 31 ans, Oscar Coop-Phane ( Zénith-Hôtel, Le Procès du cochon) rassemble quelques fragments de sa mémoire. À l’adolescence, Oscar saisit que jamais aucune autre existence ne lui conviendrait: il a faim d’écriture. Il doit se faire les dents. Pas seulement pour séduire les filles, mais pour se plaire aussi. Avec Emmanuel Bove, Henri Calet et Georges Hyvernaud, l’auteur trouve sa littérature, plonge tête baissée « dans le bleu des nuits, le beige des matinées ». Avec audace, franchise, courage, racontant la vie d’un écrivain d’aujourd’hui, il n’esquive pas plus qu’il n’enjolive… Les premiers manuscrits refusés partout, les petits boulots, la fascination absurde de la défonce, les coucheries, la resquille, le métier de faussaire – « personne ne prend au sérieux un écrivant non publié ». Partout rôde la question tant redoutée: vous faites quoi dans la vie? « J’écrivais mais je n’étais pas écrivain. J’étais pion mais j’en avais honte. Je me trouvais à un endroit étrange voilà tout, ce mur d’où l’on saute. Oui, c’est cela, je me jetais. » Écrire pour se remettre en ordre, couper court au temps qui passe. On écrit seul avec ses hontes et ses manières. « Est-ce vraiment mon métier? Suis-je écrivain comme un autre serait banquier ou chapelier? » On tient Coop-Phane pour l’un des meilleurs ouvriers de France. L’artisan confie ici comment il a fabriqué son arc, de quel bois il se chauffe et nous souffle du speed dans les narines.

D’Oscar Coop-Phane, éditions Grasset, 160 pages.

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