Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

DOCUMENTAIRE D’HENRI DE GERLACHE.

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« Il existe dans le sud de la Belgique, dans le Hainaut, une contrée appelée Borinage où vit une population curieuse d’ouvriers travaillant dans de nombreux charbonnages. J’aimerais aller là-bas comme évangéliste. Je n’en reviendrais pas sans quelque chose à dire qui vaille vraiment la peine d’être dit. » En 1878, Vincent Van Gogh écrit à son frère Théo. Convaincu que c’est à la rencontre de la misère que s’ouvre sa nouvelle voie.

Des lettres, le peintre à l’oreille coupée en aurait rédigées entre 2000 et 3000 (820 ont été conservées, la plupart adressées à son frangin et confident) et elles constituent le fil rouge de ce documentaire réalisé par Henri de Gerlache. Le Choix de peindre, Vincent Van Gogh s’inscrit dans le cadre de l’exposition qui lui est consacrée par Mons 2015, capitale européenne de la culture. Il le raconte avant sa vie d’artiste entamée tardivement à 27 ans. Et plus précisément quand il part à l’automne 1878 évangéliser les mineurs les plus démunis du côté de Wasmes, Warquignies et Pâturages…

Le Borinage est à l’époque l’un des coins les plus pauvres de toute l’Europe. Van Gogh s’installe à côté de la Marcasse et tient à savoir ce que vivent les silhouettes noires qu’il voit de sa cabane. « Les villages respirent ici l’abandon, le silence et la mort. Parce que la vie se passe sous le sol plutôt qu’à la surface », écrit-il. Après trois mois dans la région, quelques jours seulement avant l’accident qui fera 120 morts dans le puits de La Grappe à Frameries, il passe six heures au fond d’une mine. Un lieu qu’il compare à une geôle souterraine voire à un caveau et une expérience dont il ne sortira pas indemne.

Le Choix de peindre analyse en quoi la région montoise et un séjour dans les charbonnages hennuyers ont participé à la maturation d’un génie en lui tirant un bout de portrait, solidement documenté, ainsi qu’en brossant les conditions de vie de l’époque. Joliment filmé, alimenté par les commentaires d’historiens de l’art, de profs d’unif ou de mineurs, il pèche surtout par les scènes de reconstitution pas très convaincantes qui lui servent de décor et par la présence trop marquée d’un Tom Barman. Tel un fantôme, le chanteur de dEUS lit la correspondance du peintre et se promène sur ses pas. Un procédé un peu étrange et moyennement heureux mais un docu intéressant et une opportune introduction avant une visite au BAM.

JULIEN BROQUET

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