Menotte & Quenotte

Menotte et son chien Quenotte sont ce qu’on appelle pudiquement des accidentés de la vie. Orphelin, en fuite de son foyer, Menotte survit dans un bâtiment désaffecté, entre terrains vagues lugubres et friches industrielles, et de petits larcins et cambriolages minables. Son seul ami? Max et le crapaud qu’il balade sur la tête. Max est plus jeune, pas du tout orphelin, ni pauvre ni sans logis, mais ne peut se passer de ce grand frère que Menotte n’est pas. À deux, enfin plutôt à quatre, ils trompent l’ennui, distillent leur colère et se choisissent un meilleur ennemi: la bande du Chêne, tout autant à la marge et au moins aussi violente. Ah oui, dernier détail de cette comédie dramatique qui tient à la fois de la satire sociale, du récit d’initiation et surtout de la bande dessinée alternative: Menotte possède un doigt qu’il peut allonger à l’infini, et Quenotte des dents étranges qui lui permettent, entre autres, de crocheter les serrures. Une pointe de « weird » dans une histoire en noir et blanc assez sombre, premier récit long d’un jeune auteur allemand qui avait tapé dans l’oeil des éditions L’ Employé du Moi il y a longtemps déjà et dont elles avaient déjà édité le récit court L’Usine à tête de gras. Une nouvelle découverte de la maison belge autour la BD alternative allemande et contemporaine après Aisha Franz et son Shit Is Real, porteuse comme chez Michel Esselbrügge des récits d’une jeunesse urbaine et périurbaine désenchantée et sans modèle. Aussi malaisant que fascinant.

Menotte & Quenotte

De Michel Esselbrügge, éditions L’Employé du Moi, 176 pages.

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