Masrah: si loin, si proche

Solo, l'adaptation de La Nuit sacrée de Tahar Ben Jelloun, constitue un des temps forts du festival. © dr
Estelle Spoto
Estelle Spoto Journaliste

Festival fraîchement éclos prenant place à la Balsamine, à Bruxelles, Masrah ouvre une fenêtre sur la création théâtrale contemporaine au Maroc. Entre autres à travers un échantillon de spectacles en français et en arabe.

Sa manifestation la plus médiatique sera peut-être la visite de la princesse Astrid, en mission économique à Rabat, Tanger et Casablanca, à la fin de ce mois de novembre. Passée pour le reste relativement inaperçue, l’année culturelle Maroc de la Fédération Wallonie-Bruxelles ne se terminera pas sans avoir fait surgir un nouveau festival. Copiloté par le théâtre de la Balsamine, l’asbl de coopération artistique La Charge du rhinocéros et Moussem centre nomade des arts, Masrah (« théâtre » en arabe) propose deux jours – seulement – de rencontres, de débats, de lectures et de spectacles visant à offrir une image de la pratique théâtrale au Maroc aujourd’hui et à « favoriser des échanges constructifs entre les artistes de la Fédération et les artistes marocains ».

Le festival sera notamment l’occasion de découvrir la personnalité sans concession d’Ahmed Massaïa, qui présentera en guise d’introduction « Traditions, pratiques et répertoire théâtral du Maroc » avant de participer à la table ronde modérée par Soraya Amrani, ex-chroniqueuse de la RTBF et actuelle directrice de La Charge du rhinocéros. Ancien responsable de l’Institut supérieur d’art dramatique et d’animation culturelle à Rabat, Ahmed Massaïa a notamment signé un Répertoire du théâtre marocain et s’apprête à sortir un essai sur la jeune création théâtrale au Maroc.

Plus connu chez nous, le conteur, auteur et comédien Hamadi (Un fils de notre temps, Papa est en voyage) est originaire des montagnes du Rif. Arrivé en Belgique à 6 ans à peine, il suivait sa mère, analphabète, qui en avait alors 20 (et qui l’a donc eu à 14 ans). Il lui dédie son dernier spectacle, le seul-en-scène Maman, je vois sans yeux et sans bouche je crie, où il aborde notamment sa maladie – « elle disait que le sommet de son crâne se soulevait à chacun de ses pas, que dans sa tête il y avait un volcan qui était à l’étroit et dont la lave brûlante parcourait tout son corps » – et son désir de finir ses jours dans son pays natal.

En clôture du festival sera donné Solo, de la compagnie Akoun Theater (en arabe surtitré en français) et mis en scène par Mohamed El Hor. Il s’agit d’une adaptation d’un roman de Tahar Ben Jelloun, La Nuit sacrée, publié en 1987 et couronné du prix Goncourt. Sous un voile onirique, l’auteur y aborde la question de la position de la femme dans la société marocaine, à travers le parcours de la narratrice, Zahra (ici incarnée par Hajar El Hamidi), fille élevée comme un garçon, retrouvant son identité féminine à la mort de son père. Mais Masrah donnera également l’opportunité de découvrir, en lecture d’extraits, Donia, le nouveau texte théâtral du poète originaire de Marrakech, installé à Bruxelles depuis vingt ans, Taha Adnan, dont l’écriture a été soutenue par Moussem. Deux jours pour une appréciable initiation à un univers encore trop méconnu.

Masrah: au théâtre de la Balsamine à Bruxelles, les 28 et 29 novembre. www.balsamine.be.

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