Manchester et Joy Division dans un documentaire de Grant Gee

Le groupe à Manchester en 1979. © Kevin Cummins
Elisabeth Debourse Journaliste

Le film retrace l’histoire du groupe de Ian Curtis, de sa rencontre avec son guitariste et son bassiste à sa mort. On y voit notamment Annick Honoré, décédée il y a peu.

Manchester, milieu des années ’70. Une gangrène bétonnée ronge la ville et l’enfance morose des gamins se déroule entre les tours de logements ordonnées et les usines qui pullulent. L’industrie anglaise tourne à plein régime, imposant une vie toute tracée à ceux qui sont nés dans les quartiers ouvriers de la cité grise. « No Future », scandent les jeunes désabusés et révoltés qui ont envahis les bars, les salles de concerts et les rues. Le mouvement crache son venin sur une société chaotique qui ne leur inspire que dégoût. La rébellion passe par un état d’esprit, un style vestimentaire, une musique : le punk.

Bernard Sumner et Peter Hook, deux jeunes anglais destinés à l’usine, se sont rencontrés sur les bancs de l’école et trainent leur ennui ensemble. Après un concert épiphanique des Sex Pistols, ils décident de se lancer eux aussi dans la musique punk. Mais ce n’est qu’après que Ian Curtis ait rejoint la formation en répondant à une petite annonce qu’ils deviennent Joy Division, groupe mythique, intemporel, cathartique, dont l’histoire de la musique restera marquée à tout jamais de l’empreinte fugace.

Ian Curtis, Bernard Sumner, Peter Hook et Stephen Morris - 1979.
Ian Curtis, Bernard Sumner, Peter Hook et Stephen Morris – 1979.© Kevin Cummins

Leur parcours est raconté par Grant Gee dans le documentaire Joy Division, l’homme derrière l’épileptique Meeting People is Easy. Le film sort en 2008, dix ans après celui sur la tournée d’OK Computer de Radiohead. Le documentaire, un trip immersif dans une Angleterre dépressive et pourtant prolifique sur le plan musical, alterne souvenirs des membres du groupe et captations live, tout en laissant voir (et entendre) l’évolution de leur son punk rock vers la new wave et le post-punk. De la rencontre avec Curtis à sa mort, en passant par l’enregistrement d’Unknown Pleasures et leur première tournée européenne, le film retrace l’histoire de Joy Division grace à des interviews de Sumner, Hook, Morris et de ceux qui ont croisé la route du groupe dans les années ’70 et ’80.

Parmi les intervenants du documentaire, Annik Honoré, la belge qui a partagé le coeur du chanteur avec sa femme Deborah Curtis. Une histoire d’amour qu’elle avait décrite comme « pure et platonique » lors d’une interview accordée il y a quatre ans au Focus Vif. A l’époque de sa relation avec Curtis, elle travaillait à l’ambassade de Belgique à Londres, pigeait pour un magazine culturel, participait à la programmation du Plan K et était l’une des deux moitiés des Disques du Crépuscule. Annick Honoré est décédée ce 3 juillet 2014. Dans le documentaire, elle se remémore le leader sur scène; sa manière de chanter, de danser, qu’elle qualifiiait de « courageuse« . Le film Joy Division est l’occasion de rendre un hommage à deux individus, qui eurent une relation, certes, mais dont l’éternelle amante restera la musique.

La seconde partie du documentaire se trouve ici.

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